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vendredi 22 novembre

Le Saint Mont : l’histoire du premier monastère féminin d’Austrasie

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Précédant l’installation du monastère au sommet d’Habend (nom ancien du Saint-Mont), il est vraisemblable qu’un noyau de population soit établi sur les terrasses alluviales des zones non inondables en contrebas de ce promontoire.

Une mention dans la « Vitæ Sancti Arnulphi » (Vie de saint Arnould) de la paroisse « Sancti Stephani » (Saint-Etienne) au VIIe siècle, titulature typiquement mérovingienne, l’atteste si besoin. Rien en effet ne s’oppose à cette hypothèse crédible, d’une part en raison du passage à proximité de l’actuelle ville de Remiremont d’une route secondaire allant de Metz à Lyon par Epinal, Remiremont, Luxeuil, se StMontChapelle1889poursuivant également vers l’Italie par le Grand-Saint-Bernard, d’autre part parce que la voie antique du sel qui remonte le cours de la Moselle, passant près de Remiremont et franchissant les Vosges par le col de Bussang, est toujours en vigueur.

Pour administrer et protéger ces populations, un ensemble de bâtiments (place forte ?), attesté par les archéologues comme étant antérieur au monastère, propriété de Romaric, noble à la cour de Metz, en nom propre ou laissé en usufruit par le domaine royal, est installé au sommet du mont.

L’épopée religieuse, confondue avec l’histoire politique, peut se mettre en place.

Il y a d’abord Amé, moine à l’abbaye de Saint-Maurice à Agaune (Suisse) qui, devenu moine à Luxeuil, rend visite à Romaric au palais du roi Clothaire II. Romaric, qui « se distinguait parmi les autres », voulait devenir moine. Aussi Amé le convainc facilement de devenir religieux à Luxeuil. Quelques temps après, en 620, dans une partie de l’édifice déjà bâti au mont Habend, « par la volonté de Dieu tout puissant, le saint maître Amé et son disciple Romaric fondèrent un monastère de jeunes filles avec la pieuse volonté d’atteindre la plus grande perfection ». Une précision complémentaire confirme l’installation des moniales : « Amé choisit pour diriger les religieuses l’une d’entre elles, Macteflèdis » qui devient ainsi la première abbesse de cette communauté.

La fonction principale de ces religieuses est de chanter la « laus perennis », la louange perpétuelle à Dieu. Le « Liber Memorialis », livre de mémoire des personnes pour qui le monastère devait prier, précise que 369 moniales sont présentes dans celui-ci, depuis sa fondation jusqu’au début du IXe siècle.

Au côté du monastère féminin du Saint-Mont réside une petite communauté de clercs pour les nécessités religieuses et la direction spirituelle des moniales, ce qui en fait un monastère jumelé, ou monastère double.

Vers 818, à la suite des visites de l’empereur Charlemagne et de son fils Louis le Pieux, au lieu de « Rumerici montis per Vosagum », certainement à la demande de ce dernier, le monastère des femmes est transféré au lieu occupé aujourd’hui par la ville de Remiremont, et il est alors placé sous la règle de Saint-Benoît (d’Aniane), ami de l’empereur.

Au début du Xe siècle, lors de l’invasion des barbares hongrois, les religieuses se réfugient au sommet, dans leur ancien monastère, qui est toujours occupé, emportant avec elles les reliques des saints fondateurs Amé et Romaric, ainsi que celles d’Adelphe. Leur présence en ce lieu dure peut-être une année, et quand les bâtiments sont restaurés, elles redescendent dans la vallée avec leurs reliques, augmentées des restes de Gébétrude, quatrième abbesse, retrouvés sur place pendant leur séjour.

Á l’heure actuelle, on sait peu de choses sur l’occupation du Saint-Mont après ces événements. Jusqu’en 1020 ou 1025, époque à laquelle Richard, abbé de Saint-Vanne de Verdun, qui connaît des démêlés avec son évêque, s’y installe avec quelques ermites. Puis vers 1060, où l’on voit s’installer les chanoines réguliers de Saint-Augustin, de l’Ordre des Prémontrés. L’ensemble devient alors un prieuré, titre qui perdurera jusqu’à la Révolution.

En 1623, sur les instances de l’abbesse du chapitre de Remiremont Catherine de Lorraine, à l’effet de contrer les progrès de la Réforme protestante dans le duché, des chanoines bénédictins de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe remplacent les Augustins.

Pendant toute la période du XIIe au XVIIIe siècle, de nombreux pèlerins viennent prier sur le tombeau de Sainte-Claire, troisième abbesse du monastère, connue pour guérir les maladies des yeux, ainsi que sur ceux des corps saints vides de leur contenu, puisque leurs reliques sont dans l’église abbatiale de Remiremont.

En 1663, un important incendie détruit en grande partie le monastère. Reconstruit rapidement, il reçoit deux ans plus tard la visite de Gabriel Bucelin qui réalise une magnifique aquarelle du site.

En 1735, un nouvel incendie ravage l’ensemble. Après un réaménagement des bâtiments, d’importants travaux de destruction d’un gros rocher permettent de créer une vaste plateforme devant le prieuré. Ces travaux suppriment les deux chapelles qui dominaient cette roche, les autres chapelles disparaissant vers 1765.

En 1790, un décret de la Constituante supprime les ordres religieux. Les chanoines se dispersent, les bâtiments sont laissés à l’abandon. Un plan de 1807 indique que l’église et l’ancien prieuré ne sont plus que ruines qui sont vendues vers 1819. En 1829, le cadastre de la commune de Saint-Amé montre une vaste bâtisse de plan carré, une construction en long orientée nord-sud, et un petit appentis placé à l’est de l’ensemble.

La chapelle sera édifiée vers 1850. Des reliques des saints Amé et Romary y seront placées avec solennité le 4 septembre 1949, sous l’autorité de Mgr Brault, évêque de Saint-Dié.

En 1965 débutent des fouilles archéologiques, sous l’impulsion de M. Emile Rouillon, reprises plus tard par son fils Michel, puis par MM. Charles Kraemer et Thomas Chenal.

C’est au cours de l’année 2015 que la commune de Saint-Amé acquiert la pointe sommitale du Saint-Mont.

Jean-Marie Lambert
Société d’Histoire de Remiremont et de sa région

CC BY-SA 3.0

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