Les mesures prises par le gouvernement depuis près d’un an maintenant dans le cadre de la crise de la Covid-19 impactent de nombreux secteurs d’activité. Ce samedi après-midi, quelque 50 personnes se sont réunies à la Souris Verte à Épinal pour évoquer la situation du secteur de la culture.
Le « Réseau d’Êtres », organisateur de cette rencontre, a rejoint le « Collectif du 23 Janvier », qui rassemble « des personnes, simples citoyens, professionnels ou non, amateurs ou non », qui veulent « défendre l’art et la culture en tant que droits fondamentaux de notre société ». La réunion de ce samedi a eu lieu dans le cadre de la préparation de l’Assemblée Générale Grand-Est qui se déroulera à Reims le lundi 15 février prochain. Ils sont chanteur, conteur, enseignant, musicien trompettiste, animatrice, clown, comédienne, chorégraphe, producteur de télévision et de cinéma. Ils sont venus échanger autour de leur vécu, de leur analyse de la situation, et des perspectives d’avenir envisageables.
« Des messages anxiogènes qui pour moi ne tiennent pas du tout la route »
Le rassemblement s’est déroulé en trois temps : d’abord les constats, puis les revendications, et enfin les idées d’actions concrètes. Pour ce qui est du constat, une indignation est largement partagée concernant les réglementations gouvernementales. « Je vois énormément de dérive autoritaire (…) de restrictions de libertés individuelles qui me font peur », affirme un enseignant, selon lequel la culture déplairait au gouvernement, car elle permet « de réfléchir ». Il convient donc de défendre « tout ce qu’ils essaient de faire taire : la liberté d’expression, le lien social, et aussi la joie de vivre ».
Une impression pour certains de « trop plein », d’« étouffement » aussi. « Arrêtons cette docilité ! (…) Vous vous rendez compte ce qu’on est en train de vivre en ce moment ? », interpelle une intervenante. « Là on est sur des rails. On va où ? J’en sais rien ». Un autre participant à la réunion va plus loin. « Ça me fait penser à une époque que je n’ai pas connue. Un soviétisme, où l’homme n’est qu’une variable d’ajustement ». L’éventualité de ne pas respecter la loi est franchement évoquée : « Se retrouver dans la rue avec une gratte après 18h », imagine un artiste. « J’ai mis 135 boules de côté ».
« Je suis en manque de nourriture artistique »
« La situation, pour moi, elle est dure à vivre », confie l’un de membres de l’assistance. Le travail de création qui se poursuit, mais sans savoir ce qui va pouvoir se concrétiser au final. Le sentiment d’« être en urgence permanente », en tension, sans savoir quand la vie culturelle va reprendre normalement. Une jeune artiste évoque les moyens qui permettent de continuer à se produire à distance, en ligne : « Ce sont des rustines !». Il est temps, estime-t-on, de « mettre le gouvernement devant ses contradictions » : l’augmentation de la consommation de produits psychotropes est mentionnée, ainsi que celles des pensées suicidaires. « Nouvel enjeu de santé publique ».
La situation sanitaire et réglementaire, anxiogène pour certains personnes, peut en effet poser des problèmes d’ordre psychologique. « Çà créé une frustration », affirme une artiste. « Autour de moi, il y a beaucoup de gens qui dépriment ». Une ancienne barman et restauratrice s’indigne de la fermetures de nombreux établissements depuis de longs mois. « Des lieux qui créent des liens, des événements. Des lieux qui ont besoin de rouvrir ». Plusieurs personnes ne maquent pas d’avoir une pensée pour Rudy Noël, patron de l’Estaminet à Vagney, décédé il y a quelques semaines.
« Ramener la vie un peu partout »
Au gré des discussions sont évoquées : la précarité dans la culture, pour des auteurs, des artistes plasticiens, les sommes dépensées par le gouvernement en indemnités pour les bars, les restaurants qui aurait pu être « mieux utilisées », comme par exemple « dans la santé ». Plusieurs personnes se désolent d’une certaines culture de basse qualité, qui serait représentée notamment par « Hanouna » ou « Kev Adams ». Au cours de la discussion, le « mouvement des gilets jaunes » est cité à quelques reprises, comme exemple de mobilisation.
Parmi les revendications avancées, on peut noter : la réouverture des cinémas, des salles de spectacle, des musées, la remise en cause du port obligatoire du masque, l’arrêt du couvre feu. Des événements sont annoncés. Dimanche après midi, des rassemblements en petits groupes, informels, auront lieu à Epinal, pour écouter de la musique, présenter des tableaux, selon l’inspiration de chacun. Enfin, une manifestation est prévue le 21 février prochain à 15 heures. Plus d’informations seront apportées prochainement. L’un des objectifs affichés est de « ramener la vie un peu partout ».
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