Photos de la Mairie du Val d’Ajol
La cérémonie du 77eme anniversaire de la fin de l’occupation du Val d’Ajol a eu lieu ce samedi au centre du village, en présence notamment du consul du Maroc, du sénateur Jean Hingray, et du maire Anne Girardin.
A l’issue de la cérémonie, le film « Le petit Maroc » a été projeté à la Salle des fêtes. Ce film a été réalisé par Anthony Rescigno, sur la base de recherches de deux collégiens Ajolais et raconte la découverte de l’histoire des goumiers Marocains alors qu’ils étaient au Val d’Ajol à la fin de la seconde guerre mondiale. Le pan de l’ histoire concernant l’accueil chaleureux des Goumiers marocains par les Ajolais est raconté par Marianne Durupt. Hugo, un collégien est le fil conducteur, il amène le spectateur sur les montagnes du Val d’Ajol jusqu’à Basses sur Rupt. C’est un récit que beaucoup d’Ajolais ne connaissais pas. Des idées de jumelage avec un village marocain, de rassemblement de documents, d’une rue nommée en leur honneur ont été proposés durant l’échange qui a suivi la projection.
Dans son discours le maire Anne Gorardin est revenu sur cette page de l’histoire ajolaise :
« Bienvenue au Val d’Ajol pour célébrer ce 77ème anniversaire de, non pas la Libération de la France, mais exactement la fin de l’occupation allemande dans notre ville.
Car la Libération (‘iifraj en arabe, إفراج) en elle-même a été tout un mécanisme, initié le 18 juin 1940 par l’Appel du Général de Gaulle, et qui a consisté à résister durement, continuellement, au prix de dissimulations en tout genre, de maquis parfois reculés, de fausses cartes d’identité et bien sûr de combats contre cette occupation allemande illégitime. Il fallait d’abord assurer la liberté des esprits puis petit à petit la liberté de diverses parties du territoire national.
Quelques jours avant ce 18 septembre 1944, ça s’échauffait au Val d’Ajol. Les maquisards n’hésitaient plus à sortir et à trapper l’ennemi. Mais à l’approche des troupes armées, l’ennemi n’en était plus vraiment un. L’Allemagne se savait vaincue et les soldats allemands de moins en moins convaincus désertaient et s’échappaient à pied ou à vélo vers l’Est par nos nombreux chemins. N’avez-vous jamais entendu vos parents ou grands-parents dire qu’ils leur avaient ri au nez en leur souhaitant bonne chance pour rentrer chez eux ? L’heure n’était plus aux combats au Val d’Ajol. L’heure était à l’attente des troupes pour concrétiser cette Libération.
Alors, ce 18 septembre 1944, les Ajolais ont vu leur souhait le plus précieux se réaliser. Les Alliés sont arrivés portant avec eux la bouffée d’air frais tant attendue ; la LIBERTÉ ! Le drapeau français pouvait de nouveau flotter au vent sur cette place de l’Hôtel de Ville. Le drapeau français dont nous sommes si fiers.
Mais ce n’était pas la fin de la guerre. Les armées ont continué vers les Hautes-Vosges où de violents combats ont été livrés contre les Allemands. Le Val d’Ajol est alors devenu point de départ des blessés vers le sud. Durant ma première année d’étudiante, en 1993, j’ai logé chez une dame, française d’Algérie, qui s’était engagée comme ambulancière en 1943 et qui était partie d’Alger pour rejoindre les Vosges en passant par l’Italie. Ses histoires étaient romanesques évidemment. Mais elles avaient été vécues ici, au Val d’Ajol, à ramener des soldats blessés de la Croix des Moinats, de Bruyères ou du Haut du Faing pour les monter dans des trains depuis la gare de Faymont. Ses souvenirs étaient précis ; l’arrivée à la Vallée des Roches, l’emplacement des différents équipements de la gare ou encore les endroits pour se restaurer, se reposer.
Car Le Val d’Ajol était devenue Terre d’accueil pour les combattants en besoin de repos. Parmi ces soldats, des Goumiers Marocains. Les allemands estimaient leur instruction insuffisante et peu amène à mener des combats sur les différents massifs montagneux d’Europe. Ils se trompaient. Le Général Juin a écrit dans ses mémoires : » J’avais … une confiance absolue dans cette remarquable unité, dans son commandant, ses officiers et ses hommes, recrutés pour la plupart dans des montagnes du Moyen Atlas et parfaitement à l’aise sur un terrain tel que celui des Abruzzes, avec son climat détestable … ».
Cependant, le climat des Vosges particulièrement rude durant l’hiver 44-45, aura raison de la condition physique de ces soldats robustes, stratèges et nécessitant peu de moyen. Pour soigner leurs nombreuses gelures, en particulier leur « pieds de tranchée », le 2ème Groupe de Tabor Marocain est envoyé au repos au Val d’Ajol. Un accueil chaleureux leur est réservé avant de retourner au combat et vaincre l’ennemi. Cette page de l’Histoire aura marqué les esprits de notre vallée. Une page de l’Histoire encore racontée par Marianne, une page de l’Histoire à jamais inscrite à travers les photos de son papa, Léo Durupt. Une page de l’Histoire que nos jeunes Ajolais cherchent à comprendre aujourd’hui à travers le film de Mr Anthony Rescigno, le « Petit Maroc ».
Grâce à ce film, deux projets destinés à faire perdurer la mémoire sont en cours :
• Le plus grand souhait de Marianne, à savoir la dénomination d’une rue au nom des Goumiers marocains,
• Un jumelage entre Le Val d’Ajol et une ville au Maroc d’où sont originaires des goumiers que nous avons déjà eu l’occasion de discuter cet été avec Monsieur le Consul.
Alors que de nombreux conflits sont présents dans le monde, pensons tout particulièrement à l’Afghanistan, que ces parts de colibri à l’échelle de l’Histoire se concrétisent et participent à entretenir la paix entre les peuples.
Je vous remercie. »
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