Il y a quelques jours, le Préfet des Vosges organisait une réunion au bord de la Moselle, rue du pont du Cheneau à Saint-Etienne-les-Remiremont, pour évoquer le problème de sécheresse que traverse le département cet été. Un autre sujet a alors été abordé, presque par hasard, celui des espèces invasives.
Il n’a pas fallut bien longtemps à Marc Collas, de l’Office français de la biodiversité, pour attraper l’une de ces écrevisses du pacifique qui présentes en grand nombre dans les cours d’eau vosgien. Simplement retourner un ou deux cailloux. L’occasion de revenir sur cet enjeu de biodiversité. Originaire des cours d’eau et des eaux stagnantes du nord-ouest de l’Amérique du Nord, l’espèce est considérée en France comme invasive. Elle a été introduite « pour l’élevage », au départ. Cette espèce exotique est devenue envahissante pour les espèces indigènes d’écrevisses. L’écrevisse européenne est plus petite, se défend moins bien en raison de pinces plus petites, grandit moins vite et est moins féconde et moins agressive. Là où les deux espèces sont « mises en concurrence » pour les ressources du milieu, les autochtones se font remplacer par les « nouvelles arrivantes ».
Ces dernières, en effet, « sont très très agressives », explique Marc Collas. Leur taille est par ailleurs très importante. Un atout certain. « Elles peuvent atteindre jusqu’à 15 / 20 centimètres ». Cette espèce d’écrevisses pose donc un problème important pour la préservation des milieux aquatiques. « Elle est capable de coloniser de nombreux milieux ». Et progresser jusqu’à trois kilomètres par an environ. Les écrevisses du Pacifique sont par ailleurs porteuses d’une maladie qui tue les écrevisses du continent. L’écrevisse de Californie est inscrite depuis 2016 dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’UE. Cela signifie que cette espèce ne peut pas être importée, élevée, transportée, commercialisée. Après capture, toute remise à l’eau est interdite.
Cette invasion de « Pacifastacus leniusculus » rappelle d’autres enjeux de biodiversité. Notamment en ce qui concerne le règne végétal. En 2019, à l’occasion d’une soirée délocalisée du Festival International de la Géographie à Remiremont, Sylvie Guillerme, professeur à l’université de Toulouse, avait tenu une conférence intitulée « Quand les animaux et les végétaux migrent avec les humains ». La géographe avait fait un tour d’horizons des espèces exotiques envahissantes sur le continent européen et dans le reste du monde. Son intervention concernait principalement les végétaux, notamment la balsamine, de la renouée. Les animaux et végétaux introduits peuvent avoir un impact sur le faune et la flore natives. Il s’agirait d’une cause importante d’appauvrissement de la biodiversité.
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