La célèbre caricature parue dans les colonnes du Figaro le 14 février 1898 décrit la division de la société au cours de l’Affaire Dreyfus. « Surtout! ne parlons pas de l’affaire Dreyfus! », lit-on sur le premier carton. «… ils en ont parlé…», sur le second. Si vous vous risquez, ce soir de réveillon de Noël, à discuter de la culpabilité ou de l’innocence du capitaine, vous pourriez constater quelque vive réaction. Cependant, plus d’un siècle après, d’autres sujets sont peut être à proscrire.
Nous sommes allé à la rencontre de vosgiens lors de leurs derniers achats avant le réveillon de Noël, pour les interroger sur les sujets de discussion à éviter à table, pour garantir un peu de sérénité entre les convives. Pour Guylene, qui fait des courses de dernière minute à Remiremont, « ça doit être un peu comme tout le monde : la politique ». Et aussi « le match de foot, parce que c’est un peu lourd ». La défaite de l’équipe de France à la coupe du monde pourrait effectivement aussi être un sujet glissant, selon les sensibilités. Selon Guylene, il convient également de laisser de côté « les soucis du quotidien ». Les sujets « tabou » sont souvent les mêmes d’une famille à une autre. « La politique, la religion. C’est vraiment les deux qui peuvent vraiment vite partir en cacahuètes », estime une autre cliente d’un magasin romarimontain.
Côté politique, la crise de la Covid-19 est peut être passée de mode. Le sujet peut encore être délicat parfois, mais vous pourriez vous risquer sans trop de problème à constater gentiment le comportement « paranoïaque » ou « moutonnier » de votre grande tante face au injonctions gouvernementales. Et elle pourra de même vous qualifier de « complotiste » ou de « résistant d’opérette ». Toujours avec tact. « La politique, surtout le féminisme, l’islam (…) la décadence de la société », liste un romarimontain venu faire quelques petits cadeaux. « Mais on en parlera sûrement quand même ». Sur ces sujets, comme sur d’autres, il conviendra de faire preuve d’un maximum de diplomatie. Mais rien ne vous oblige pour autant à échanger des banalités. Vous pouvez aussi évoquer le sens de la fête. Par ailleurs, les vives discussions autour d’un repas ne sont-elles pas aussi une tradition nationale ? Alors, si le cœur vous en dit, allez y franco.
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