Le Rhumont, quartier prioritaire au titre du contrat de ville courant sur une durée de 6 années, est valide encore quelques mois, et fera l’objet d’un renouvellement pour la même période avec un point entre les acteurs du processus chaque année, et un bilan à mi- contrat. C’est ce que rappelait le Maire en ouvrant la séance, précisant que ce contrat de ville se terminant en décembre, serait certainement renouvelé. Jean-Benoît TISSERAND affichait sa satisfaction de voir des habitants issus de l’ensemble du quartier et souhaitait pour chacune et chacun, un travail positif et constructif.
C’est dans un climat compliqué qu’était organisée cette soirée, compte-tenu des derniers épisodes conflictuels existant entre le Centre Social et le milieu associatif du quartier depuis quelques semaines, différents qui n’étaient visiblement pas réglés, ou tout au plus sujet à apaisement.
L’animateur de la soirée présentait le programme de la réunion, qu’il souhaitait diviser en 3 ateliers comme les mobilités, un espace vivre ensemble et un intitulé faire ensemble. Celui-ci demandait si d’autres sujets devaient être traités et une première réponse était formulée : « L’emploi et la formation des jeunes et des moins jeunes…Chaque habitant doit s’exprimer… ». L’intervenant souhaitait quant à lui, garder l’idée des ateliers, estimant que s’exprimer devant tout le monde n’apportait rien, et précisait que quelque soit l’issue de cette réunion, aucune décision ne serait prise à l’issue.
La tension était palpable dans l’assemblée, certains relevant que les différents intervenants ne se soient pas présentés. « Qui intervient ? qui est qui et qui fait quoi ici ? » lançait une habitante, la présentation qui suivait était inaudible et confuse. La représentante de la préfecture prenant la parole à son tour, n’était pas plus entendue, l’intervention étant rapide, technique et non adaptée à l’esprit de la soirée, ni à l’auditoire attendant du positif , des avancées notoires. Finalement l’animateur réussissait à créer 3 ateliers sur les thèmes évoqués sur les 6 prévus à l’origine, le Maire venant régulièrement donner quelques signes de modération.
Il faut relever quelques remarques intéressantes venant d’habitants et résumant en partie l’ambiance de la réunion : « On n’est plus des enfants, vous nous infantilisez et nous avons déjà eu ce genre de réunion… » Ou encore : « Le social d’avant n’a plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui…on décentralise en ville, il y a de la distance et du temps perdu… ». « Si je comprends bien, on est obligé de suivre votre schéma ? C’est encore les décideurs qui embauchent l’intervenant… ».
Rapidement, un Président d’association préférait quitter un instant la réunion pour évitez d’ajouter aux tentions. Des commentaires entendus au dehors évoquaient des médiateurs de quartier qui ne sont pas du quartier, un manque total de communication avec la ville. Un petit retour arrière faisait état de la perte de la pharmacie, de l’épicerie, de certaines classes de l’école de quartier, de l’antenne du centre social…. Il était clairement établi dans l’esprit des habitants du Rhumont, que la ville utilisait le quartier pour obtenir des subventions qui servaient à d’autres projets. Une partie de l’assistance décidait alors de quitter ce qui était pour eux « la réunion de trop », estimant qu’un animateur ne connaissant pas la vie des quartiers, n’avait pas la légitimité nécessaire a intervenir dans une telle réunion.
Finalement, les personnes présentes étaient conviées à rejoindre un des 3 ateliers prévus et pouvaient alors pour une grande partie, s’exprimer en toute franchise. De ces ateliers était mise en évidence une réelle fracture entre la ville et les résidents, exprimant à cette occasion le sentiment d’une véritable mise à l’écart. Les commentaires des habitants, recueillis en fin de séance faisaient état notamment de leur sentiment à n’être importants qu’à la veille des élections, et de voir le quartier dépérir malgré son caractère prioritaire.
En résumé et après bien des discutions, l’organisation des ateliers de paroles ont eu un effet positif en terme d’échanges et de débat, permettant à la municipalité et tous les acteurs de la politique de la ville, de prendre conscience de véritables problèmes existentiels perçus par les résidents qui, sans le soutien et l’encadrement du monde associatif prônant la modération, ne feraient qu’aggraver la situation. Les responsables des forces vives du quartier exprimaient une certaine satisfaction quant au résultat des ateliers, et précisaient que la balle était désormais dans le camp des décideurs, charge à eux de proposer de vraies actions pour le Rhumont.
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