Image : Wikipédia.
Peu de Romarimontains savent qu’une synagogue se dressait autrefois dans leur ville, à l’intersection de la rue De Gaulle et de l’avenue Julien Méline. Cet édifice, témoin d’une riche histoire, a pourtant marqué la vie de Remiremont jusqu’à sa disparition en 1979.
Une synagogue au cœur de la ville
Inaugurée en 1873, la synagogue de Remiremont était une œuvre remarquable de style orientaliste, conçue par l’architecte local Charles-Henri Fachot. Sa construction avait été retardée par la guerre de 1870, mais elle devint rapidement un symbole important pour la communauté juive de la ville, qui comptait alors 321 membres sur une population d’environ 8000 habitants en 1881.
Remiremont accueillit de nombreux juifs après l’annexion de l’Alsace par l’Empire allemand en 1871, devenant un refuge pour ceux qui fuyaient cette région. La synagogue était un lieu de culte, mais aussi un espace communautaire où se tissaient les liens entre les familles juives romarimontaines.
À gauche, la synagogue de Remiremont. Image : Archives départementales des Vosges, ref : 4 FI 383 68.
La tragédie de la Seconde Guerre mondiale
Le destin de la synagogue fut bouleversé par les événements tragiques de la Seconde Guerre mondiale. En 1943, la majorité des membres de la communauté juive de Remiremont furent déportés. Après la libération, très peu revinrent : le génocide nazi avait décimé la communauté, ne laissant derrière lui qu’un souvenir poignant et des familles brisées.
Face à la réduction drastique de la population juive, le bâtiment perdit sa fonction de lieu de culte. Il fut vendu à un particulier et ne retrouva jamais son rôle d’origine.
La destruction en 1979 : une page tournée
En 1979, sous le mandat du maire Gilbert Zaug, la synagogue fut finalement détruite après de longues discussions. À sa place fut construite la résidence L’Empereur. Cependant, la communauté juive posa une condition à cette vente : qu’un appartement de la nouvelle résidence soit dédié au culte. Cette promesse fut respectée pendant plusieurs années.
Mais il y a une dizaine d’années, cet appartement fut cédé à la mairie, avec une obligation : l’entretien du cimetière israélite, un lieu de mémoire toujours présent à Remiremont.
La résidence l’Empereur – Capture d’écran Google Maps.
Une mémoire à préserver
Aujourd’hui, la synagogue de Remiremont ne vit plus que dans les souvenirs des plus anciens. La majorité des habitants ignorent qu’un tel édifice, symbole de diversité et de vie communautaire, a un jour existé au cœur de leur ville.
Sa disparition, bien que liée aux tragédies de l’Histoire, rappelle l’importance de préserver les lieux et les mémoires des communautés qui ont façonné l’identité locale. Le cimetière israélite, encore entretenu aujourd’hui, reste l’un des rares témoins visibles de cette présence passée, qui mérite d’être mieux connue et partagée.
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