Le Groupe Interreligieux du Pays de Remiremont tenait sa conférence annuelle, ce vendredi soir au centre culturel Gilbert Zaug. Sur le thème « Jeûner ?… Pourquoi ?… Pour Qui ? ».
Trois intervenants, représentant les religions monothéistes, juive, chrétienne et musulmane, se sont succédé pour aborder la pratique du jeûne spirituel dans les traditions religieuses.
Jeûne et Judaïsme : dans son introduction, le docteur Léon Sibéoni rappelle que «le jeûne n’a pas été inventé par les juifs. Il est probable que ceux-ci se soient inspirés de traditions mésopotamiennes. » S’il n’existe qu’un seul jeûne mentionné dans la Torah, Yom Kippour, qui est le plus suivi, il existe aussi d’autres jeûnes d’institution prophétique ou rabbinique. Il résume ainsi : « Le jeûne permet d’expier les fautes, d’évoquer le passé, d’élever son âme, mais le jeûne aide aussi l’homme à agir sur lui-même à travers ce qu’il n’ingère pas… » En conclusion, Léon Sibéoni cite Albert Camus qui reprenait les propos de son père au sujet des pulsions et disait : « Mon fils, un homme ça s’empêche. »
Le jeûne dans la Chrétienté : en début de son propos, l’abbé Claude Durupt souligne non sans humour que « le thème tombe à point à quelques jours de l’entrée en carême ». Il a ensuite rappelé que « le Christ lui-même a jeûné ». Pour la chrétienté : « Le jeûne est d’abord un appel à la conversion du cœur. C’est une pénitence intérieure qui peut avoir des expressions très variées. L’écriture Sainte et les Pères de l’Église insistent sur trois formes de pénitence intérieures : le jeûne, la prière et l’aumône. Ainsi, jeûner, c’est d’abord fuir le péché et plus encore, répandre l’amour autour de nous et travailler à la délivrance de ceux qui souffrent. »
Le jeûne pour les musulmans : avec beaucoup de références aux textes, mais aussi dans sa pratique, le docteur Mabrouk Bengrina nous permet de mieux comprendre le rapport entre la foi musulmane et la pratique du jeûne. Il résume ainsi : « Le jeûne, au-delà de l’abstinence, est un acte de spiritualité profonde qui traverse les époques et les civilisations. Le jeûne en islam est codifié (le mois du ramadan, 9éme mois du calendrier musulman) est l’un des principaux piliers de l’islam. C’est un mois de miséricorde, de ferveur religieuse et spirituelle et de partage. « Le jeûne est un moyen d’élévation, de purification et de transformation, aussi bien individuelle que collective. » À souligner aussi que « le jeûne est un voyage intérieur et un engagement spirituel profond. Il est l’expression d’un amour exclusif entre le serviteur et son Créateur, une école de vertu et un instrument de transformation pour l’individu et la société. »
La conférence s’est ensuite poursuivie par l’intervention du docteur Karine Thomes, médecin diabétologue sur l’angle plus médical et scientifique. Partant de l’évolution de l’espèce humaine qui a su s’adapter aux modifications climatiques, aux saisons, aux guerres et aux famines. Observant aussi comment les animaux se passent de nourriture pendant les périodes de migration ou en hibernation et aussi parfois qu’ils peuvent jeûner en cas de maladie. En tant que médecin, elle a aussi constaté qu’en France, contrairement à des pays comme l’Allemagne ou la Russie où la médecine s’est penchée concrètement sur le sujet jusqu’à l’existence de cliniques spécialisées, il n’y a quasiment aucune étude. Par contre, il existe bien des travaux de recherche fondamentale qui, eux, semblent démontrer que le jeûne apporterait de nombreux bienfaits. Ces résultats demandent à être confirmés par des études sur l’homme. En conclusion, comme le dit avec le sourire Karine Thomes, « on reste sur sa faim ».
À la fin des différentes prises de parole, toutes très appréciées, les intervenants ont pris un temps pour répondre aux nombreuses questions et remarques des quelques 70 personnes présentes.
PM
- Docteur Léon Sibéoni
- Abbé Claude Durupt
- Docteur Mabrouk Bengrina
- Docteur Karine Thomes
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