Sébastien Humbert, délégué départemental du Rassemblement National dans les Vosges et député de la 4ᵉ circonscription, a réagi à la peine d’inéligibilité de Marine Le Pen. Contacté par notre rédaction, il dénonce une décision politique visant, selon lui, à empêcher la candidate favorite de l’élection présidentielle de 2027 de se présenter. Il affirme que Marine Le Pen et le Rassemblement National sont innocents des faits reprochés et fustige une atteinte grave à l’État de droit. Le député vosgien assure que toutes les voies de recours seront étudiées pour défendre ce qu’il considère comme une liberté démocratique fondamentale :
« Je suis évidemment indigné par cette décision qui n’est pas une décision de Justice mais une décision Politique qui a pour conséquence de priver des millions de Français, sans recours possible, de la candidate favorite à l’élection présidentielle de 2027.
Marine Le Pen et le Rassemblement National sont innocents des faits reprochés. La Présidente du tribunal a reconnu qu’il n’y avait ni enrichissement personnel, ni corruption.
L’affaire dite des assistants parlementaires, initiée il y a 10 ans, ne repose que sur un désaccord administratif sur le rôle des collaborateurs parlementaires qui, selon le Parlement Européen, ne devraient pas faire de politique, ce qui est totalement absurde.
La décision de l’inéligibilité avec exécution provisoire est une négation de l’État de droit car elle prive Marine Le Pen de toute possibilité de recours suspensif. Or, l’existence de 2 juridictions, en première instance et en appel, est l’un des fondements des droits de tous les justiciables dans le monde.
L’objectif est donc clair : empêcher la favorite de la prochaine présidentielle (37% d’intentions de vote au premier tour d’après le dernier Ifop) de se présenter à l’élection.
Comme Marine Le Pen l’a indiqué ce matin, le système a sorti la bombe nucléaire parce que nous sommes sur le point de gagner. On ne se laissera pas faire et nous défendrons le droit des Français de voter pour qui ils souhaitent.
Nous étudions tous les recours possibles pour rendre aux Français leur liberté démocratique.
Sébastien HUMBERT
Député des Vosges »
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roger froissard
Fabien Roussel : « La menace ne vient pas des juges mais de ceux qui les insultent et les menacent »
roger froissard
La déferlante de haine anti-magistrats organisée par l’extrême droite dans les médias et les réseaux sociaux depuis l’annonce des condamnations prononcées à l’encontre l’ancienne présidente du Front national et de 23 autres co-prévenus ne surprendra que celles et ceux qui ont cru à l’opération de ripolinage, dite de « dédiabolisation », en œuvre depuis quelques années.
Les masques tombent. Sauf que…
Sauf que cette attaque, ces attaques, ces doutes sur la justice venant de plusieurs responsables politiques sont d’une violence inouïe.
Elle porte d’abord sur l’exécution immédiate d’une peine d’inéligibilité en occultant le reste pour ne pas dire le principal : les chefs de condamnation et les peines d’emprisonnement ferme et d’amendes prononcées à l’encontre de plusieurs dirigeants d’un parti qui a bâti son fonds de commerce sur sa prétendue intégrité qui était supposée le différencier des autres et qui n’a jamais cessé d’appeler de ses vœux une justice toujours plus répressive, notamment pour les élus convaincus de ce qui lui est reproché aujourd’hui…
Sauf que le résultat est que des juges se retrouvent aujourd’hui insultés, traînés dans la boue, menacés au point d’être placés sous protection policière et ce pour avoir exercé leur office.
Mesure-t-on bien ce que cela signifie et l’extrême gravité d’une telle situation ?
Les dirigeants du RN osent parler de tyrannie des juges… c’est-à-dire, selon le dictionnaire, de l’usurpation et de l’exercice du pouvoir par un tyran, d’un gouvernement absolu, oppressif et arbitraire.
Le mensonge, toujours le mensonge car enfin, et sans se prononcer sur le fond, l’exécution immédiate, ces condamnations sont-elles oui ou non, prévues par le Code pénal ? Ont-elles été créées par ces juges ou votées par le Parlement ? Ont-elles été prononcées de manière expéditive ou au terme de plusieurs années d’instruction de plusieurs semaines de débat et de délibéré ? Les droits de la défense ont-ils été violés ?
Il semble même que les intéressés vont pouvoir faire entendre leur cause en appel dès l’été 2026, donc avant l’échéance présidentielle, ce qui laissera perplexes les milliers de justiciables qui, en raison de la pénurie de moyens humains et matériels dont souffre l’institution judiciaire, doivent attendre deux ou trois ans avant de pouvoir être entendus en cour d’appel.
Dire que ce jugement est « politique » au seul motif qu’il concerne des politiques revient à exiger une justice à deux vitesses, une justice « sur mesure » pour le RN, et permet de mesurer l’imposture de sa fameuse « dédiabolisation ».
Jouer « le peuple » contre « les juges » revient à ignorer que ces derniers ont rendu, au nom du peuple français, une décision fondée sur des lois votées par les représentants du peuple français.
Il n’existe pas d’autre légitimité.
Depuis quelques jours, les micros sont généreusement tendus vers d’autoproclamées « victimes ».
Mais qui est aujourd’hui victime ?
Premières victimes de ces attaques, les juges, femmes et hommes aujourd’hui menacé.e.s par une haine attisée à longueur d’antenne et totalement débridée. Des femmes et des hommes qui méritent le respect l’hommage et la solidarité de tous les citoyens, notamment de ceux qui, élus au Parlement, votent ou ont voté les lois que ces juges ont appliquées.
Deuxième victime de cette campagne, l’État de droit. Celui qui a permis à la principale accusée de se défendre, à la différence de plusieurs opposants d’autres pays auxquels elle ose se comparer. Celui qui lui permet de faire appel et de voir sa cause à nouveau entendue. Celui qui permettra à son parti quelle que soit l’issue de la procédure, d’avoir une ou un candidat à l’élection présidentielle à venir.
À cet égard, lourde est la responsabilité des politiques qui volent à son secours en critiquant l’application d’une loi qu’ils ont le plus souvent eux-mêmes votée.
Se creuse ainsi, encore un peu plus, le fossé entre « la classe politique » et les autres citoyens pour lesquels on ne se pose pas ce genre de question quand ils ont à répondre de leurs actes en justice.
Cette décision devrait au contraire réjouir celles et ceux qui, au moins dans leur discours, défendent le principe d’une justice égale pour tous.
La troisième victime de cette campagne est l’ordre public, quand un parti politique en vient à tenir des discours séditieux en plein hémicycle en désignant les juges à la vindicte, organisant des manifestations contre une décision de justice, comme Donald Trump lors de la prise du Capitole.
Et ces gens viendraient ensuite exiger de l’ensemble des citoyens le respect des institutions ?
La quatrième victime enfin n’est rien moins que notre démocratie. En effet, quand jusqu’au sommet de l’État, un Premier Ministre se déclare « troublé » ou un Ministre de l’Intérieur se permet de qualifier une décision de justice « d’inacceptable », quand on envisage, sérieusement, de modifier la Loi pour la rendre plus compatible avec l’agenda électoral de telle ou tel, c’est la séparation des pouvoirs, pilier de la démocratie, qui est directement attaquée.
Le climat de tension ainsi créé dans le pays par le Rassemblement national et ses relais médiatiques appelle, de la part des forces républicaines sincères, un sursaut et une condamnation, politique celle-ci, sans appel.
L’histoire nous enseigne que les attaques contre le système judiciaire sont toujours une des premières étapes de l’instauration de régimes liberticides et tyranniques.
Il est temps, grand temps, par-delà les divergences ou oppositions, que les forces républicaines se ressaisissent et expriment leur soutien sans faille aux magistrats ainsi attaqués. La menace ne vient pas des juges mais de ceux qui les insultent et les menacent.