Semer une graine de coquelicot ne va pas vous garantir un fleurissement immédiat. Cependant cette dormance ne signifie pas sa condamnation, loin de là. Ce petit grain attend patiemment le moment favorable pour sa germination et faites lui confiance, il n’a rien oublié du combat qu’il doit mener ! De son confinement il observe, réfléchit, se prépare. Car, oui, il a le temps dans cette ambiance de printemps silencieux qui vient de s’imposer. Arrêt quasi absolu de notre activité économique trépidante, déchaînée, impétueuse. Coup d’arrêt brutal à cette marche forcenée et à ses points de croissance, ces affligeants fondements imposés à nos sociétés. Une très grave pandémie mondiale s’est invitée…
La responsable de cette pandémie pourrait être une modeste chauve-souris ou un modeste pangolin ? Tout du moins c’est ce que l’on peut supposer, ce qui est entendu ici ou là, ce qui est écrit dans les journaux par des personnalités les plus vertueuses. Mais que diable, comment se fait-il que nous n’ayons pas éradiqué chimiquement ce satané mammifère qui ose migrer au plus près des hommes ? Par voie de conséquence, suite à l’intensive déforestation, le pauvre oiseau / la pauvre « bestiole » et une partie de la faune sauvage se trouvent contraints à côtoyer davantage nos lieux d’habitation et nos animaux domestiques. Et puis, semble-t-il, nous n’en avons pas fini avec les épidémies auxquelles nous participons. Entre autres exemples de nos pratiques condamnables, de notre jeu d’apprentis sorciers, regardons un peu ce qui se passe du côté des petites civettes et des cerises de café. Si vous ne faites pas encore partie des privilégiés du café-civette ce lien va vous en dissuader !
Sans en avoir l’air, ceci va dans le même sens que le combat des collectifs Nous voulons des coquelicots. L’homme apprenti sorcier voulant maîtriser et utiliser la nature à outrance subit les conséquences de ses actes. En cette période de crise, dans leur domaine de lutte plus ciblé : faire interdire l’utilisation de tous les produits chimiques de synthèse et faire vivre plus de paysans décemment, les coquelicots souhaiteraient honorer la scientifique Rachel Carson (voir référence en fin de texte). Déjà en 1962, il y aura près d’une soixantaine d’années ! Rachel écrit page 125 dans »PRINTEMPS SILENCIEUX » : <<A mesure qu’il progresse vers son objectif annoncé de conquête de la nature, l’homme laisse derrière lui un impressionnant sillage de destructions, affectant la terre où il habite et les êtres qui partagent avec lui cette demeure.>> Un peu plus loin : <<empoisonnement direct des oiseaux, des mammifères, des poissons, et de pratiquement toutes les formes de la vie animale au moyen d’insecticides chimiques répandus aveuglément >>
Malgré cette très sérieuse alerte, deux générations plus tard donc, l’homme n’est pas encore enclin à prendre résolument en main cette grave problématique. Il utilise par exemple le dangereux SDHI qui bloque le cycle respiratoire des champignons, c’est la fonction de ce fongicide. Présent dans le sol, il perturbe aussi tous les organismes vivants : abeilles, vers de terre mais aussi tout le système racinaire qui apporte à la plante nutrition et croissance. Il s’attaque au vivant, à tout le vivant, donc à l’être humain. Ceci est prouvé scientifiquement et historiquement.
A l’époque, Rachel Carson a été considérée comme folle. A ce jour en 2020, Pierre Rustin, scientifique de renom international, et son équipe de chercheurs qui alertent sur l’extrême dangerosité des fongicides SDHI est à ce jour oublié, voir humilié. A ce jour toujours et malgré le plan phytosanitaire d’avril 2018 qui visait à réduire de moitié l’utilisation des pesticides de synthèse il a été constaté une augmentation de près de 25% en 2019 ! Le 21 janvier 2020, 450 scientifiques des plus reconnus ont écrit une tribune publiée dans le journal Le Monde et demandent aux autorités publiques l’application du principe de précaution pour les SDHI le PLUS VITE POSSIBLE ! Le corona ayant interféré, c’est à suivre… à suivre de près.
Comme l’effet pesticides ne se traduit pas par une grave pandémie, mais plutôt par une action sournoise, difficilement mesurable, aucune mesure radicale n’est décidée. On n’arrête pas d’y réfléchir, de s’y préparer. On invoque les conséquences économiques défavorables à ces pratiques, qui sont prioritaires aux soucis de santé des populations. On laisse passer un temps précieux utile à une action forte. Et pourtant ici ou là une frange du monde agricole se pose de bonnes questions, tente de nouvelles pratiques. Mais les aides à cette mutation ne sont pas à la hauteur. Dans l’ombre, d’énormes intérêts financiers restent à la manœuvre et les entreprises en question préparent la suite de leur sinistre activité chimique. Encore très récemment, les propos du ministre directement concerné ont montré manifestement qu’il n’était pas près du tout à changer d’orientation. Monsieur le Ministre, nous veillerons au grain le temps qu’il faudra ! Osons espérer que la catastrophe en cours favorise la réflexion et permette des avancées incontournables.
En ces temps très difficiles, le personnel hospitalier, les pompiers et tous les astreints à l’activité mènent un combat sans merci, cruel. Ils font preuve d’une très remarquable abnégation, d’un immense courage. Ils vont gagner ce combat. Mais un autre devrait se faire jour, beaucoup plus supportable, pas celui de dire plus jamais ça, mais de faire la réparation du vivant, de tout le vivant. Tout simplement d’arrêter de l’empoisonner, d’arrêter de produire dans le but principal du profit matériel. Revenons à la terre, préservons sa saine capacité nourricière et boycottons les dérives. Nous en avons les moyens et nous n’avons plus le droit de terrasser la chaîne du vivant. Le ver de terre, l’insecte meurent empoisonnés, mais ils tuent aussi l’oiseau. L’abeille se sacrifie dans la rosée du matin. L’homme ne sait pas d’où viennent certaines de ses maladies, les effets cocktails ne sont pas mesurés. Et lorsque les plus grandes preuves scientifiques se dessinent, le principe de précaution n’est que trop rarement appliqué.
Notre Président a dit que ce ne serait plus comme avant, où, comment ? Chiche, nous sommes prêts !
Parce que chacun compte, nous le savons maintenant plus que jamais, parce que chacun porte une responsabilité et peut agir : rejoignez le mouvement des Coquelicots, de temps en temps ou régulièrement, signez l’appel et rejoignez le million de soutiens sur… https://nousvoulonsdescoquelicots.org/
Rachel Carson (1907-1964) a écrit le premier ouvrage sur le scandale des pesticides, Printemps silencieux publié en 1962 qui a entraîné l’interdiction du DDT aux états unis. Le livre vient d’être réédité (14€)
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