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samedi 23 novembre

« Racisme » : faut-il re-baptiser l’école Jules Ferry ?

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Annotation 2020-06-10 124854

C’est un sujet qui revient régulièrement sur le devant de la scène : celui des noms de nos rues, écoles, ou collèges… Et du sens que nous voulons leur donner. Quels hommes et quelles femmes de notre histoire mettre en avant ? Ferry, De Gaulle et Thiers n’ont qu’à bien se tenir !

Sale temps pour les sculptures de « grands hommes » 

Les statues du roi Léopold II de Belgique, colonisateur du Congo, sont vandalisées, ainsi que celles de Christophe Colomb, de Winston Churchill, ou du marchand d’esclaves Edward Colston. A Paris, c’est Colbert, ministre de Louis XIV et initiateur du « Code noir », qui est la cible de manifestants. En Martinique, deux statues de Victor Schœlcher, connu pour avoir fait adopter le décret sur l’abolition de l’esclavage en 1848, ont été détruites…

Alors certes, on ne va pas verser une larme pour des sculptures en pierre ou en métal ! Certains vont y voir la justice, d’autres la division, la diversion. Certains vont relire le passé, d’autres préféreront déboulonner les statues du présent. Et le débat est relancé sur les figures controversées des siècles précédents. Ces voies publiques nommées en hommages à des personnalités qui n’étaient semble-t-il pas toujours des saints. Et même, paraît-il, parfois des « racistes ».

Si on veut faire le ménage totalement en la matière, peut être serait-il préférable de donner aux rues et aux institutions des numéros ou des noms de fruits.

«Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures »

Faudra-t’il un jour re-baptiser l’école du centre de Remiremont ? Jules Ferry, n’a t-il pas quelques casseroles à se reprocher ? « Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures », affirmait l’illustre ministre, héros de la République, le 28 juillet 1885, « Il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».

Renommer l’école du centre, « ce n’est pas à l’ordre du jour », affirme Jean Benoît Tisserand, adjoint à l’éducation de la municipalité de Remiremont, « ça n’a pas été envisagé pour le moment », mais « pourquoi pas ». « Un nom, ce n’est pas gravé dans le marbre pour des siècles et des siècles », rappelle le professeur d’Histoire. En effet, des établissement que l’on re-baptise, ça s’est déjà vu plus d’une fois : « Béchamp est devenu Malraux, le Parmont est devenu Camille Claudel ».

« Ce n’est pas l’aspect le plus glorieux de son histoire personnelle »

Jules Ferry a été « un grand ministre de l’instruction publique, on ne peut pas le nier », estime Jean Benoît Tisserand. Il a été « le créateur de l’école publique et de l’école pour tous. C’est quand même un progrès énorme ». Cependant, il a tenu face à Clemenceau, et devant la représentation nationale « des propos qui évidemment aujourd’hui seraient intolérables, avec notre regard de citoyens du 21ème siècle ».

Il faut se replacer dans le contexte : « la mentalité de l’époque était ainsi faite ». C’est là « malheureusement, ce que pensait l’opinion publique à cette époque ». Et ce n’était pas tout à fait malintentionné. « L’intention derrière, c’était d’apporter du progrès sur les autres continents (…) Il faisait référence à la colonisation de l’Indochine ».

Si l’on creuse un peu, on risque de trouver bien des défauts à de nombreuses « icônes ». Jean Benoît Tisserand évoque le cas de Voltaire : « quand on regarde sa vie personnelle… ». Le philosophe avait en effet « des parts dans des entreprises qui pratiquaient l’esclavage ». Ainsi, chaque figure historique a ses ombres et ses lumières.

Et De Gaulle ? et Thiers ?

Et puis après, pourquoi ne pas regarder aussi du côté du boulevard Thiers, en se remémorant l’écrasement de la Commune de Paris ? Faudra t’il aller jusqu’à renommer la rue Charles De Gaulle. En effet, le général a un jour constaté que « nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche », et il ne souhaitait pas que son village de Colombey-les-Deux-Églises devienne « Colombey-les-Deux-Mosquées ».

Et puisque la mode est au déboulonnage de statue, il n’est pas interdit de se demander si le « Volontaire », quittant la ville pour défendre la « patrie en danger » en 1792, avait bien prit conscience de son « privilège blanc ». Ou on peut regarder ensemble vers l’avenir. 

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