Les Défis du Bois réunissent chaque année depuis 2005 une cinquantaine d’étudiants architectes et ingénieurs venus du monde entier pour travailler sur différents projets ayant un thème unique. Ce rendez-vous, a connu diverses évolutions depuis la toute première édition. Après plusieurs « Défis » organisés à l’extérieur, c’est dans les locaux même de l’Enstib (École nationale supérieure des technologies et industries du bois) que l’aventure se poursuit.
Au départ, l’événement porte le nom « 7 jours pour inventer demain ». Il s’inscrit dans une démarche qui visait à « former ensemble architectes et ingénieurs », explique Pascal Triboulot, l’un des fondateurs de l’école, dont il fut directeur jusqu’en 2017. « Un jour, on s’est dit : Tiens, il faudrait qu’on renforce encore cette idée de travail collaboratif ! ». L’idée des Défis du Bois commençait à germer. « C’était l’époque où commençait à se développer la télé-réalité ». Des émissions qui ne sont pas toujours marquées par leur bon goût et leur caractère édifiant. Il s’agissait pour les fondateurs des « Défis » de mettre en lumière autre chose, « donner à voir des gens qui travaillent ensemble dans une démarche constructive et intelligente ».
La première édition a eu lieu au parc des expos d’Epinal, avec quatre petites équipes. Ce sont d’abord des structures éphémères qui ont été réalisées. « Des structures inventives, originales ». Le rendez-vous s’est déplacé en extérieur, au château d’Epinal, dans un premier temps, deux années de suite. « C’était encore un challenge plus intense », affirme Pascal Triboulot. Une année, c’est à la carrière Collot que les étudiants ont apporté leurs outils, puis deux années à l’Espace Court, au bord de la Moselle, puis dans les allées. L’événement s’est ouvert sur l’extérieur, accueillant « des jeunes, des archis en formation des quatre coins du monde », des ingénieurs également de nombreux pays. Des compagnons se sont joints aux équipes.
L’ambition affichée est de « réfléchir et travailler avec les mains », proposer des créations innovantes. En prenant aussi en compte la limitation des ressources : « travailler toujours avec un minimum de matière ». Pour évoluer encore, avec de nouveaux défis, les structures sont devenues pérennes, durables. « On a complètement repensé le modèle économique », affirme Pascal Triboulot. « Il fallait qu’on trouve des clients ». Pour acheter, tout de même, dix structures dont on ne connaît pas à l’avance le rendu final. Mais le succès est depuis lors bien au rendez-vous ! « Pour l’an prochain, c’est déjà signé. Pour l’année d’après il y a déjà des clients ».
Si le sujet des travaux n’est annoncé au publique qu’au début de la semaine, les étudiants ont déjà commencé leurs travaux en amont, pour anticiper les besoins en matériau, échanger à distance les uns avec les autres. Lors de la semaine de réalisation chacun a son emplacement, dispose de l’intégralité du parc de machines. De nombreuses heures de travail sont nécessaires. « C’est un travail intense », affirme l’ancien directeur de l’école. « Le niveau de technicité a augmenté ». Et il faut tenir compte des attentes des clients. « En général, les deux dernières nuits sont courtes ». Parfois, la toute dernière est même « inexistante ».
Mardi, un jury composé de professionnels se rendra sur place pour évaluer le travail réalisé. « L’esprit des Défis du Bois ne s’inscrit pas dans une logique de compétition où on va essayer de tuer l’autre », affirme Pascal Triboulot. L’entraide et la collaboration sont souvent au rendez-vous. Il s’agit d’une belle « aventure humaine ». « Dans cette semaine là, ils apprennent énormément (…) C’est un exercice qui est rare (…) dans un cursus pédagogique ». Et surtout, « ils font quelque chose qui a du sens ». On découvre des jeunes « qui croient en ce qu’ils font, qui croient en leur matériau ». Un matériau qui sevrait se faire une bonne place dans les années à venir. C’est un événement marquant qui ne s’oublie pas. « Les Défis du Bois, ça a créé une espèce de grande famille ».
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