A en croire les principaux intéressés, il est loin le temps où l’obtention du baccalauréat marquait l’accomplissement d’une scolarité. De « Saint Graal » de l’enseignement qu’il fut, le diplôme fait désormais figure de gobelet en carton, recyclé. Les premières épreuves de spécialité ont eu lieu il y a quelques semaines, et les lycéens se préparent sans trop de pression pour la suite. Dans la classe d’Olivier Courtial, professeur de mathématiques au lycée André Malraux de Remiremont, la nouvelle formule du Bac ne fait pas l’unanimité, sinon contre elle.
La baisse de l’importance symbolique et de l’utilité du diplôme est évidente. « Çà n’a pas de valeur », estime Marcelin, élève en terminale. « On le donne à tout le monde ». Le taux d’obtention a en effet fortement augmenté en quelques générations. Sinon en étant « absent aux épreuves, je ne vois pas comment on pourrait le rater », affirme le lycéen. Le problème de la différence de niveau entre le lycée et l’enseignement supérieur est évoqué. Et ce n’est pas la réforme mise en place par « Jean Mich Mich », comme on appelle ici le ministre Blanquier, qui va remédier à cela, semble-t-il. Désorganisation, flou, incohérence dans les programmes : les critiques sont dures. Justes ?
« Je suis confronté à un triple problème », explique Olivier Courtial. « On a du se préparer aux épreuves écrites, tout en continuant le programme, tout en se préparant au grand oral ». Le professeur l’affirme : « C’est mission absolument impossible (…) On est en retard sur tout ». Lorsqu’on a quitté le lycée depuis quelques années, on est un peu largué en découvrant la nouvelle organisation. Les élèves pointent quelques défauts et déséquilibres dans la construction des programmes. Le choix des spécialités est parfois effectué par défaut, avant de vraiment savoir vers quoi s’orienter.
Les épreuves du baccalauréat ont été d’une certaine manière diluées et réparties. Chacun se fait son avis sur l’opportunité de cette nouvelle formule. « Le contrôle continu, ça rajoute du stress tout au long de l’année », affirme une lycéenne. Autre fait intéressant : la perte de l’« esprit » de classe. En effet, les élèves vont de cours en cours en suivant des emplois du temps différents selon les spécialités. « On n’a pas cette atmosphère, comme on avait avant », explique Emilie. Chacun suit, en plus du tronc commun, une spécialité Arts, SVT, Sciences de l’ingénieur, Histoire-Géo, Sciences économiques et sociale.
Dans le cas de ce dernier cours, notons que la « propagande gauchiste », le mot est prononcé, est toujours une question. De ce côté, « rien de nouveau sous le soleil », comme on le lit dans Livre de l’Ecclésiaste. Le sens de l’enseignement n’est pas un sujet sans importance. Les professeurs de SES seraient-ils politisés ? « On sait tous de quel côté ils sont », affirme une élève. Cependant, « ils savent rester neutres ». Concernant le contenu de l’enseignement, une autre question se pose : celle des coefficients pour chaque matière, et de leur importance dans le programme. Trop de philo ? Pas assez de place pour le scientifique ? Chacun défend son point de vue.
Mais les problèmes évoqués précédemment ne doivent pas entamer l’enthousiasme des futurs bacheliers. C’est une note positive que nous donne Marcelin : « Rappelons ce que disait Winston Churchill : l’optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté… ». Le « Prime Minister » ne s’est pas contenté de promettre à son peuple du sang et des larmes. Il a semble-t-il aussi trouvé le temps d’affirmer solennellement quelques banalités. Elles sont parfois bonnes à rappeler. Le Bac, malgré ses défauts, est un passage intéressant. « C’est une chance, c’est une expérimentation, et il faut en retenir le meilleur », affirme le lycéen, qui semble prêt pour l’épreuve de philosophie.
A Remiremont comme ailleurs, les lycéens poursuivent, malgré toutes ces considérations, leur préparation pour le Bac. Des journées de révisions sont organisées pour les volontaires. Des entraînements à l’oral vont aussi avoir lieu. Des élèves se réunissent pour des révisions « type bac », en travaillant par exemple sur un sujet tombé une autre année. « Ce qui est intéressant, c’est de la faire en groupe », affirme Loïc. Un moyen de s’entraider et de se motiver. L’objectif étant bien entendu d’être prêt le « jour j ». Bon courage à tous, et souhaitons une belle réussite à tous pour la suite.
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