Jeanne, une habitante d’Eloyes, garde en mémoire les souvenirs marquants d’une période sombre et tumultueuse de l’histoire. Aujourd’hui âgée de 94 ans, elle a vécu ses jeunes années en temps de guerre. Elle nous livre ses souvenirs :
En temps de guerre, des règles strictes étaient imposées : un couvre-feu était en place, et il était impératif de garder les lumières éteintes pour ne pas attirer l’attention. Les habitants calfeutraient leurs fenêtres pour cacher la moindre lueur. Les tickets de rationnement, récupérés à la mairie, étaient devenus indispensables pour survivre. Les familles se rendaient dans les fermes à la recherche d’œufs, mais souvent, les Allemands prenaient tout. Parfois, elles se voyaient refuser de la nourriture : « Je me souviens qu’une fermière ne voulait donner ses produits qu’aux soldats allemands », raconte Jeanne, ajoutant qu’après la guerre, cette même fermière a dû affronter l’hostilité des villageois qui lui lançaient : « Va vendre tes œufs à tes Allemands. »
Cependant, malgré cette atmosphère de peur, des gestes de solidarité se manifestaient. D’autres fermiers, en secret, offraient des œufs aux familles dans le besoin, un véritable trésor à cette époque. Jeanne confie qu’elle et sa famille étaient heureux quand ils récupéraient deux ou trois œufs.
En dépit des difficultés, Jeanne continuait de se rendre à l’école. Elle se remémore également les postes de radio réquisitionnés par les Allemands, où son père se réfugiait dans la cave pour écouter Londres. Les nouvelles du monde extérieur apportaient une lueur d’espoir à cette vie assombrie par la guerre.
Le 9 septembre 1944, la prise du maquis a plongé le village dans la terreur. Les cris des soldats Allemands résonnaient dans les rues, scandant « Caput Maquis », témoignant de la tension qui régnait dans la région et de l’horreur qui avait dû se dérouler dans la forêt.
La Libération est survenue le 23 septembre 1944. « Tout le monde était en joie, s’embrassait et dansait », se souvient-elle. Les villageois sont sortis pour acclamer les soldats Américains, mais la peur persistait, car des Allemands restaient cachés, tirant sur tout ce qui bougeait. Ce moment de jubilation était entaché par la présence encore menaçante de l’ennemi.
Après la guerre, le village s’est reconstruit, mais pas sans cicatrices. Les collaborateurs étaient reconnus, et certains maquisards prenaient des mesures drastiques, tondant ceux qui avaient trahi leur pays. Jeanne, quant à elle, se remémore des souvenirs tragiques, comme avoir vu trois corps d’Allemands assassinés, une image qu’elle n’a pas oublié.
Aujourd’hui, alors qu’Eloyes se souvient de ces années de lutte, Jeanne témoigne de la résilience d’une génération qui a su faire face à l’adversité. Son récit, empreint d’émotions, rappelle que même dans les moments les plus sombres, la solidarité et l’espoir peuvent briller.
3 commentaires
pierli bourlier
beau témoignage d’une « mémoire »
mangin
moi j avais 2 ans quand les américain ont arrives rue de l elle ont étaient a la cave et tous d un coup je me retrouve seule a la cave alors a 4pattes j ai remonte les escaliers et aux dernieres marche c est un américain casque qui ma pris dans ces bras les parents et freres et sœurs m’avais oubliées
mangin
dejas mis doute supprimee