Après avoir passé sa carrière derrière un appareil photo, Xavier Lahache a adopté la ville de Remiremont pour vivre sa retraite. Gerômois à l’origine, il aura passé la plus grande partie de sa vie dans la capitale à exercer pour les plus grands noms de la presse française. D’une exposition à la Tour Eiffel, en passant par le Festival de Cannes, pour terminer sa carrière chez Canal+, le photographe a vécu à mille à l’heure.
Tout a commencé à l’âge de 15 ans pour Xavier Lahache. Il découvre alors la photographie grâce à un ami qui lui apprend le développement argentique en laboratoire. En parallèle, il travaille comme pompiste avec son père dans la Perle des Vosges et lit tous les journaux quotidiens comme Le Monde, Le Canard ou encore Libération, sur les conseils de son grand-oncle. Il suit discrètement le journaliste localier de Gérardmer pour glaner des informations, traîne à proximité des pompiers pour capturer des clichés, bref, Xavier Lahache ne quitte jamais son appareil photo.
Alors un jour, il décide de partir à la capitale pour étudier la photographie à Paris XIII, une école d’arts plastiques. Il partage son logement en collocation avec son ami et continue de flâner dans les rues jours et nuits pour saisir des instants de vie. Son culot paiera, puisqu’il capturera la photographie qui fera la Une du journal Libération : Les squats de l’îlot Chalon, en 1984. Il réalise la photographie à 11 h 30, se précipite pour la développer et la tirer, se rend vers 17 h à la rédaction du journal et fait la Une du lendemain. Une première fierté, les prémices de centaines d’autres couvertures.
Quand deux photographes se rencontrent.
La ville de Paris organise le Mois de la Photo, parmi les deux photographes sélectionnés : Xavier Lahache. Il enfile la casquette de paparazzi, aperçoit Robert Doisneau (photographe français, œuvre célèbre : Le Baiser de l’Hôtel de Ville, L’information Scolaire…) assis sur un banc, dans un parc. En silence, sans échanger le moindre mot, il s’assoit à ses côtés, prépare son appareil photo, se tourne vers Robert Doisneau, qui en fait de même et prend un autoportrait.
Il exposera ses photographies à la Tour Eiffel et recevra les félicitations de Marc Riboud (Photographe français, œuvre notable : La fille à la fleur).
Une exposition à la Tour Eiffel qui lui ouvre les portes de la presse.
C’est lors de son exposition à la Dame de Fer qu’un homme repère le jeune photographe et qu’il échange quelques mots avec lui. Cet homme le rappellera un an plus tard pour lui proposer de travailler chez Journal Médias. Presse, TV, publicité, il fera dans ce journal 100 couvertures, photographiera Valérie Lemercier, Jacques Séguéla, André Rousselet et bien d’autres.
Après 4 ans de bons et loyaux services, le journal met la clé sous la porte. Alors Xavier Lahache décide de reprendre des études de journalisme et de créer un book photo qui ne lui servira qu’une seule fois dans sa carrière, mais qui lui ouvrira les portes de Canal+ en 1991.
Chez Canal, il y passera 26 ans… 26 ans à voyager, couvrir le festival de Cannes, travailler en étroite collaboration avec Antoine de Caunes, photographier les Guignols… Iggy Pop, Frédéric Beigbeder, Monica Belluci, Michel Denisot, entre autres, passeront devant son objectif. Des milliers de sujets traités : manifestations, portraits, photographie de fictions. « Un métier drôle, mais éprouvant » pour Xavier. « Mais si c’était à refaire, j’irais ! » confie-t-il. Le photographe obtiendra le palmarès du million de négatifs réalisés chez Canal.
Quand il évoque ce qui l’animait dans ce métier, Xavier Lahache révèle : « J’aimais beaucoup la photographie de rue, ce côté social. J’étais autant intéressé par une rencontre avec un SDF qu’avec un ministre. Les rencontres en général, tout simplement. Être sur les fictions aussi, j’aurais apprécié travailler dans le cinéma, mais je n’en ai pas eu l’occasion. »
Les retraités sont-ils les plus débordés ?
Xavier Lahache ne l’entend pas de cette oreille ! La retraite l’ennuie, lui qui était toujours sur tous les fronts. D’ailleurs, il n’a jamais posé son appareil photo, il continue d’appuyer sur son déclencheur dès qu’il en a l’occasion et ne sort jamais sans son boitier. Profondément amoureux de la photographie argentique et malgré le passage au numérique au début des années 2000, il continue de développer et tirer ses négatifs dans un laboratoire de fortune installé à son domicile. Enfin, il a pour projet de sortir un ouvrage sur ses photographies et leurs histoires respectives.
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