A travers un arrêté pris le 30 décembre dernier, le Gouvernement veut interdire en France la vente et la consommation de feuilles et fleurs de chanvre contenant du cannabidiol – CBD. Les défenseurs de la filière française, qui représente des centaines de millions de chiffre d’affaires, ont saisi le Conseil d’Etat pour que cette interdiction soit suspendue. Verdict cette semaine.
Comme les près de 2000 autres magasins du pays spécialisés dans la vente de CBD, Alexandre Bastian, gérant de la boutique « CBDéo » à Saint-Dié-des-Vosges, est suspendu à la décision du Conseil d’Etat. « Si l’interdiction est définitivement décidée, alors ça va être compliqué pour moi c’est certain. Je ne dis pas que je vais fermer, mais je ne sais pas combien de temps je serais en mesure de tenir. Même si je propose d’autres produits, comme de l’huile, les fleurs de CBD représentent environ 70% de mon chiffre d’affaires. Je ne sais pas ce que veut vraiment le Gouvernement avec ce décret. Car l’un des arguments est que les forces de l’ordre n’arrivent pas à faire la différence entre le CBD, qui contient au maximum 0,3% de THC (NDLR : la principale molécule active du cannabis), et le cannabis utilisé à des fins récréatives. C’est faux, car les tests d’identification du THC font la différence entre les 2. L’autre argument est que des personnes fument les feuilles de CBD au lieu de faire des infusions. Si on interdit de fumer des feuilles avec si peu de THC, alors on interdit aussi le tabac. Bref, pour moi c’est de la mauvaise foi. Peut-être que le Gouvernement veut contrôler la vente du CBD et ainsi le taxer. Ce n’est qu’une supposition, car je ne comprends pas cette interdiction. D’autant plus que cela va mettre des gens au chômage. »
Cuisinier de métier, Alexandre Bastian a décidé de se lancer dans le CBD suite à la maladie de son frère, qui souffre d’une spondylarthrite ankylosante. « Le CBD l’a soulagé, donc je m’y suis intéressé et j’ai ouvert la boutique le 1er janvier 2020. Et puis ça a été l’occasion de changer de domaine professionnel, de découvrir autre chose que la restauration. Si le CBD ne guérit pas, il apaise certaines douleurs comme les douleurs musculaires, articulaires ou osseuses. Il apaise également le stress, l’anxiété et soulage la ménopause ou les règles douloureuses. C’est du bien-être. Aujourd’hui j’ai des clients de tous les âges, c’est rentré dans les mœurs. Les gens ont compris que ça n’avait rien à voir avec du cannabis récréatif. »
J.J.
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