La bataille de Diên Biên Phu est l’un des affrontements de la guerre d’Indochine, qui a opposé les troupes de l’Union française aux force du Viêt Minh. Ce mardi 7 mai marque le 70e anniversaire de la fin de la bataille de Dien Bien Phu, qui s’est étendue du 13 mars au 7 mai 1954, avec la chute du camp retranché français.
Cet anniversaire est l’occasion de revenir avec le Déodatien Axel Balland, historien et responsable de la commission « Temps de guerre » de la Société Philomatique Vosgienne, sur le destin – souvent tragique – de 8 Vosgiens de la Déodatie qui ont été engagés dans la bataille de Diên Biên Phu.
Ce dernier de préciser que « l’objectif français est alors de couper les lignes de ravitaillement du Viet-Minh. La bataille de Diên Biên Phu débute le 13 mars 1954. La garnison française commandé par le colonel de Castries comprend 10 000 soldats puis atteindra jusqu’à 15 000 hommes à partir du 27 mars. Elle est attaquée par 70 000 combattants Viet-Minh soutenus par un grand nombre de pièces d’artillerie. Au cours de la bataille, les troupes françaises seront renforcées par l’envoie d’unités parachutistes. Le 6e BPC fameux « bataillon Bigeard », le II/1er RCP, 5e bataillon de parachutistes vietnamiens, les 1er et 2e Bataillons Etranger de Parachutistes, le 1er BPC et le 8e Bataillon Parachutistes de Choc. Des volontaires venant d’unités non-parachutistes sauteront pour rejoindre leurs camarades à Dien Bien Phu. »
Dans l’état actuel de ses recherches, Axel Balland dénombre au moins 8 Vosgiens de la Déodatie ayant pris part à la bataille de Diên Biên Phu. Robert Ambroise, Maurice Birker alias Berker et Maurice Masson sont originaires de Saint-Dié. André Bertrand est originaire d’Etival-Clairefontaine, Jacques Leblanc de Raon-l’Etape, Jean Samson de Plainfaing, Roger Chopat de La Croix-au-Mines et André Lancelat de La Salle.
Les recherches menées par Axel Balland permettent de mettre la lumière sur le destin de chacun d’entre eux lors de la bataille de Diên Biên Phu :
- Robert Ambroise, 20 ans en 1954, est soldat de 2e classe. Il rejoint l’Indochine en février 1953. Il est affecté au 2e bataillon de marche du 1er Régiment de Tirailleurs Algériens (2e BM du 1er RTA). Au début de l’année 1954, le soldat Ambroise rejoint le camp retranché de Diên Biên Phu avec son unité. Il tient garnison au point d’appui « Isabelle ». Il est fait prisonnier et considéré porté disparu le 8 mai 1954, suite à la capitulation des derniers îlots de résistance. Il est vu pour la dernière fois le 15 mai dans un convoi de prisonniers. Le Déodatien sera reconnu comme étant mort en service dans le courant de l’année 1958. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Sainte-Marguerite.
- Maurice Birker alias Berker, 34 ans en 1954, est caporal à la 2e section de la 5e Compagnie Moyenne de Réparation de la Légion Etrangère (5e CMRLE). Il est présent en Indochine depuis 1952. Son unité dépendant du Service du Matériel soutien le remontage des chars M24 Chaffee sur le camp retranché entre décembre 1953 et janvier 1954 dans le cadre de l’opération « Rondelle II ». Durant la bataille, l’unité traite les réparations de matériels de tous types : véhicules, pièces d’artillerie, armes de petits calibres, groupes électrogènes… Fait prisonnier à la chute de Dien Bien Phu, le caporal Birker décède de maladie durant sa captivité au camp 75 en juillet 1954. Son corps est inhumé dans la province de Thanh Hoa.
- Maurice Masson,22 ans en 1954, est alors engagé pour 5 ans. Il rejoint l’Indochine en 1952 et sert au 6e BPC du commandant Bigeard. Il prend part à l’opération « Castor » en novembre 1953 puis à la bataille de Diên Biên Phu. A la chute du camp retranché, il s’évade avec 2 autres militaires et est vraisemblablement recueilli par les partisans Laotiens. Ces derniers sont encadrés par des parachutistes français dans le cadre de l’opération Desperado, commandée par le capitaine Sassi. L’opération consistait à recueillir les évadés puis les exfiltrés à travers la jungle. Maurice Masson quitte l’armée à son retour en France et devient peintre en bâtiment. Il décède en 1984.
- André Bertrand, 34 ans en 1954, est soldat de 2e classe au 2e bataillon de marche du 1er RTA. Après avoir effectué son service militaire, il relance sa carrière militaire en 1952 et part pour l’Indochine. Son unité participe à la constitution du camp retranché de Diên Biên Phu. Le 2e BM du 2e RTA tient garnison sur le point d’appui « Isabelle ». Fait prisonnier à la chute du camp, André Bertrand décède le 20 juillet 1954 au camp 73 dans des circonstances inconnues.
- Jacques Leblanc, 20 ans en 1954, est engagé volontaire dans les troupes aéroportées en 1952. Il rejoint l’Indochine et sert au 8e Bataillon de Parachutistes Coloniaux également appelé 8e Bataillon Parachutistes de Choc. Jacques Leblanc est fait prisonnier à la fin de la bataille le 7 mai 1954. Le parachutiste survit à la captivité dans les camps du Viet-Minh. Sergent au 9e Régiment de Chasseurs Parachutistes en Algérie, Jacques Leblanc décède des suites de ses blessures le 30 mai 1957 à l’hôpital de Sétif. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Raon-l’Etape.
- Jean Samson, 25 ans en 1954, est soldat de 2e classe au 1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux (1er BPC). Il effectue un 2e séjour en Indochine à partir de juillet 1953. Le 1er BPC auquel appartient le soldat Samson est largué sur le camp retranché le 3 mai 1954. Il est présumé capturé par les combattants du Viet-Minh. Non revenu de captivité, il est considéré mort le 3 mai. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Plainfaing.
- Roger Chopat, 21 ans en 1954, est déployé depuis 1952 en Indochine avec le 3e Bataillon de Parachutistes Coloniaux. Prolongeant son séjour sur sa demande, Roger Chopat est muté au 6e BPC. Il sera cité à deux reprises pour son dévouement avec attribution de la Croix de Guerre des TOE. La caporal Chopat saute sur Diên Biên Phu le 16 mars 1954 et occupe les fonctions d’infirmier. Le Cruciminois est tué dans la nuit du 6 au 7 mai 1954, touché par les éclats d’une grenade durant l’assaut d’un blockhaus. Le parachutiste est enterré à Eliane 1. Il est décoré de la Médaille Militaire à titre posthume en 1956, et son nom est inscrit sur le monument aux morts de La Croix-aux-Mines.
- André Lancelat, 24 ans en 1954, est sous-officier au moment des faits. Il saute sur Diên Biên Phu durant la bataille. Quant à son unité, les sources divergent. Il sert au sein d’un bataillon de parachutistes coloniaux ou volontaire non-breveté issu d’une autre unité pour rejoindre les assiégés de Diên Biên Phu. Prisonnier du Viet-Minh, il survit à la captivité et termine sa carrière en tant qu’adjudant-chef. Il décède en 2010.
1 commentaire
Kempf JC
Tres bel hommage que tu rends là Axel, sur quelques uns des Vosgiens ayant combattu en Indo. Il ne faut pas oublier qu’ils se sont battus pour la France, dans un pays loin de chez eux et pour certains, qui reposent encore là bas. Gloire à eux et respect pour leur sublime engagement.
Bonne continuation dans tes recherches !