La « tombe de l’aviateur » est un site bien connu de celles et ceux qui arpentent les forêts de Nayemont-les-Fosses et Pair-et-Grandrupt. Situé juste en dessous du Chêne de la Vierge, ce cénotaphe – car aucun corps n’y repose – a été érigé en la mémoire de Théophile Funck-Brentano, à l’emplacement où il s’est écrasé pendant la Grande Guerre. Retour sur le destin de ce jeune aviateur avec Axel Balland, historien et animateur de la commission « Temps de guerre » de la Société Philomatique Vosgienne.
Théophile Funck-Brentano est né le 27 juillet 1892 à Montfermeil, dans les Yvelines. Après ses études secondaires, il rejoint l’Institut des Industries du Nord dans le but de devenir ingénieur. Bénéficiant d’un sursis d’incorporation de part ses études, il est finalement incorporé le 12 août 1914, dans le 67e Régiment d’Infanterie. L’année suivante, le 18 juin 1915, il est détaché dans le Premier Groupe d’Aviation de Dijon. Il rejoint ensuite le Cher, où il suit durant plusieurs mois l’apprentissage du pilotage, sur le terrain d’aviation d’Avord. Il obtient son brevet de pilote militaire, qui porte le numéro 2212, le 29 décembre 1915.
Le 16 février 1916, Théophile Funck-Brentano rejoint le détachement de chasse de l’escadrille numéro 49, qui devient le 1er avril 1916 le détachement numéro 73. Le jeune pilote est stationné sur le terrain d’aviation de Corcieux. Ce terrain d’aviation était le plus important de tout le secteur, assurant la défense du front aérien de la Déodatie. Il pilote un avion Nieuport 10, en version chasseur monoplace. « La mission de cette escadrille était de faire de la chasse, mais aussi d’escorter les avions d’observation sur le front » explique Axel Balland.
Durant sa courte carrière de pilote, Théophile Funck-Brentano compte 2 victoires homologuées contre des avions allemands. La première a lieu le 17 mai 1916, dans le secteur de Chatas, alors qu’il occupe le poste de mitrailleur à bord d’un Spad A2 biplace, piloté par le Caporal Sabatier. La seconde victoire est obtenue en solo, le 22 mai 1916 au-dessus du Linge en Alsace. Ce jour-là, Théophile Funck-Brentano se retrouve engagé contre 3 appareils ennemis lorsqu’il vole à bord de son Nieuport 10.
Promu sergent et décoré de la médaille militaire 1914, ainsi que de la Croix de Guerre avec palmes, à Anould en mai 1916, il est tué au combat le mois suivant, au petit matin du 15 juin 1916. Vers 5h30, son appareil pique du nez à 45 degrés après avoir été touché par l’ennemi. Il finit sa chute en percutant de plein fouet un sapin, en forêt communale de Pair-et-Grandrupt. Lors de ce dernier combat, Théophile Funck-Brentano s’est retrouvé face à une patrouille allemande de 2 avions. Le tout en sachant que l’espérance de vie d’un aviateur était alors très courte. « En 1917, l’espérance de vie est de 3 semaines » précise Axel Balland.
Les obsèques de Théophile Funck-Brentano ont lieu à Corcieux, le 18 juin 1916. Dès la même année, une stèle commémorative est érigée en forêt communale de Pair-et-Grandrupt, au pied de l’Ormont. Il faudra attendre 50 ans, en 1966, pour que cette stèle soit refaite « en dur » par le Souvenir Français. C’est la stèle actuelle, que l’on peut toujours voir aujourd’hui et qui est toujours entretenue par l’association de mémoire. En guise de conclusion et pour l’anecdote, le groupe scout de Saint-Dié-des-Vosges a été baptisé du nom de Théophile Funck-Brentano.
J.J.
1 commentaire
Auberthié Pascal
Toujours précis et intéressant..
Bravo Axel !😘