La 103e Division d’Infanterie Américaine, dite « Division Cactus » en raison de son insigne, est la première unité militaire Alliée à entrer dans Saint-Dié, le 17 novembre 1944, suite à la fuite de l’occupant allemand.
La Wehrmacht ayant pratiqué la politique de la terre brûlée, en incendiant la ville et en dynamitant la cathédrale, c’est un vaste champ de ruines que découvrent alors les soldats américains ayant libéré la cité déodatienne. Parmi eux se trouvait Simon Dargols, le seul Français connu à ce jour ayant intégré la 103e DI US.
Le Déodatien Axel Balland, historien et animateur de la commission « Temps de guerre » de la Société Philomatique Vosgienne, revient sur le parcours de vie de ce soldat franco-américain. Né le 6 octobre 1925 à Paris, dans le 12e Arrondissement, d’un père Juif Russe et d’une mère Anglaise, Simon Dargols émigre aux Etats-Unis suite à la défaite française de juin 1940.
C’est en janvier 1944 qu’il s’engage dans l’armée américaine. Le jeune homme suit une formation militaire dans un camp d’entraînement en Floride. C’est durant cette période qu’il acquiert la nationalité américaine. Il intègre la 103e DI US en août 1944.
La Division Cactus débarque en France le 20 octobre 1944, à Marseille, pour arriver dans les Vosges quelques jours plus tard, le 9 novembre. Son baptême du feu a lieu dans le secteur de Taintrux et sur les hauteurs de Saint-Dié, à partir du 11 novembre. Des accrochages avec les troupes allemandes ont notamment lieu lors du franchissement de la Meurthe et dans le secteur de Marzelay. A ce moment, le 103e DI US est commandée par le Général Charles Haffner Jr.
Simon Dargols est quant à lui affecté, le 8 novembre 1944, au 103 Cavalry Reconnaissance Troops. Lors de son passage en Déodatie, il a servi comme interprète compte tenu que le Français est sa langue natale. « Il fait théoriquement partie des patrouilles qui entrent dans la ville depuis la rive gauche, à partir du 18 novembre. La première patrouille américaine est arrivée la veille, le 17, depuis le col du Haut Jacques » précise Axel Balland.
Les soldats de la 103e DI US entrent définitivement dans Saint-Dié le 22 novembre 1944. Soit il y a 80 ans jour pour jour. Le 103e Cavalry Reconnaissance Troops, dont fait partie Simon Dargols, est l’une des premières unités à y entrer. Mais les hommes de la Division Cactus ne s’attardent pas sur place, puisqu’ils progressent vers les vallées de la Fave et du Hure, pour ensuite poursuivre vers l’Alsace et l’Allemagne. C’est en Alsace que Simon Dargols est interprète pour au sein de la 103e Civil Affairs Section, une unité qui gère les relations civilo-militaires.
Ce qui le marquera le plus personnellement, ce n’est pas l’entrée dans une ville de Saint-Dié détruite, ravagée par les flammes, mais la libération de camps de concentration satellites de celui de Dachau, près de Munich. La 103e DI US termine sa campagne militaire en Autriche. Simon Dargols rentre alors aux Etats-Unis, où il rembarque pour le Pacifique. Il rentre définitivement de la guerre au dernier semestre de l’année 45. Il est démobilisé en juin 1946, avec le grade de Caporal-Technicien.
Après la Seconde Guerre mondiale, Simon Dargols travaille à New-York, à la direction de l’entreprise familiale, qui produit des machines textiles. Puis il rentre en France, où il décède le 17 août 2010 à Blanc-Mesnil, en Seine Saint-Denis. « Il était membre de l’association des vétérans de la 103e DI US, et participait aux commémorations dont celles du débarquement de Provence » ajoute Axel Balland, en guise de conclusion.
Pour l’anecdote, son frère aîné Bernard, né en 1920, résidait déjà aux Etats-Unis avant la Seconde Guerre mondiale, depuis 1938. Il s’était lui aussi engagé dans l’armée américaine en 1942. Intégré dans la 2e Division d’Infanterie US, il a débarqué en Normandie, à Ohama Beach quelques 3 jours après le débarquement du 6 juin 1944,
J.J.
0 commentaire