À la Maison de l’Économie Circulaire, EVODIA, SOVODEB, la Fédération du BTP Vosges et la CAPEB ont affiché un front uni. Leur objectif : alerter sur la crise que traverse la filière PMCB (Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment), deux ans seulement après son déploiement national.
Une filière fragilisée dès son lancement
Mise en place dans les Vosges en janvier 2025 après une longue préparation, la REP PMCB avait été présentée comme une avancée écologique et économique. EVODIA et SOVODEB avaient adapté 38 déchèteries et coordonné un réseau de repreneurs pour assurer le tri et le recyclage.
Mais la montée en puissance de la collecte a vite déstabilisé le modèle. Dès début 2025, l’OCAB (Organisme Coordonnateur Agréé du Bâtiment) alertait : objectifs atteints trop rapidement, volumes en hausse, coûts qui explosent.
VALOBAT se retire, EVODIA ramasse les morceaux
Depuis l’été, l’éco-organisme VALOBAT a changé les règles du jeu : contrats modifiés, nouvelles restrictions, puis suspension pure et simple de la reprise de certains déchets (huisseries, laines minérales…). Résultat : les collectivités se retrouvent en difficulté.
Pour éviter la rupture du service public, EVODIA a dû trouver en urgence de nouveaux prestataires et réactiver la collecte dès le 23 septembre. Un choix coûteux, mais indispensable pour protéger notamment l’Unité de Valorisation Énergétique FENIIX. Sans tri, des déchets comme le plâtre peuvent contaminer les mâchefers issus de l’incinération, obligeant à enfouir des tonnes de résidus à un prix exorbitant : jusqu’à 900 000 € par mois.
Une facture salée pour les collectivités
Cette gestion de crise a un coût : 85 000 € sur le seul dernier trimestre 2025, et 340 000 € prévus en 2026 pour les seuls flux de laines et huisseries. Si le plâtre devait être pris en charge en totalité, la note grimperait à 1,2 M€ supplémentaires.
Un coup dur alors que les collectivités comptaient sur des financements des éco-organismes… qui n’arrivent pas.
« Tout ça pour ça », lâche Patrick Lagarde, président d’EVODIA, rappelant que le département avait anticipé depuis dix ans la collecte de ces déchets.
Artisans et entrepreneurs en colère
Du côté des professionnels, la situation est tout aussi tendue. La Fédération BTP Vosges et la CAPEB dénoncent un système où les entreprises payent toujours plus d’écocontributions, pour un service de reprise des déchets de plus en plus réduit.
Le 18 septembre, la Fédération du BTP a lancé un recours contentieux contre l’État, accusé de ne pas contrôler les éco-organismes.
« Nos 370 adhérents sont à bout », explique Xavier Dorado, président de la FBTP Vosges, après avoir alerté la Préfète sur les difficultés des artisans et entrepreneurs.
Quelles solutions ?
Les organisations professionnelles avancent plusieurs propositions :
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stopper la collecte des écocontributions tant que la reprise n’est pas opérationnelle,
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harmoniser et simplifier les consignes de tri,
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garantir la transparence sur l’usage des fonds collectés,
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recentrer la REP PMCB sur quelques filières prioritaires avant d’élargir.
De son côté, la CAPEB réclame des mesures immédiates : application des sanctions contre les éco-organismes, maintien de la reprise gratuite, implication des artisans dans la gouvernance et transparence financière totale.
Un avenir incertain
Le gouvernement a bien annoncé un moratoire jusqu’en 2027 pour réviser le dispositif. Mais les acteurs vosgiens s’inquiètent d’une période de flou qui fragilise à la fois les collectivités, les entreprises et la lutte contre les dépôts sauvages.
Dans les Vosges, collectivités et professionnels restent mobilisés : ils exigent une REP PMCB juste, opérationnelle et soutenable, pour ne pas faire peser sur les artisans et les contribuables les défaillances actuelles du système.
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