Depuis le début de l’année 2019, plusieurs tournages ont eu lieu dans les Vosges, grâce notamment à la politique de soutien à la création cinématographique du Conseil départemental : « Vosges, terre de tournages ».
Cette semaine c’est le réalisateur Florent Gouëlou, lauréat du festival international du court métrage de Clermont-Ferrand pour « Un homme mon fils » qui a passé la semaine avec une équipe d’une trentaine de personnes pour tourner sur son prochain projet : « Beauty boys » à Bains les Bains.
Interview Florent Gouëlou :
Vous avez démarré votre parcours par le jeu d’acteur, puis vous avez bifurqué vers la réalisation : est-ce un choix, une révélation, une opportunité ?
C’est plutôt une révélation car la passion du cinéma a nourri mon jeu d’acteur. Après le théâtre, je me suis aperçu que j’avais surtout le goût de filmer les comédiens. Cela fait partie d’un cheminement ; j’aime travailler avec les comédiens parce que j’aime les filmer ; mon intérêt pour le cinéma ce sont les personnages que je mets au centre de mes scénarii.
Votre premier court-métrage « Un homme mon fils », qui vous a valu le prix d’interprétation masculine, mettait déjà en scène un univers masculin qu’on semble retrouver dans « Beauty boys » : vous avez un message à faire passer ?
Ce qui m’interroge depuis quelques temps ce sont les représentations du masculin, la manière dont on entre dans une norme ou pas, comment concevoir une nouvelle façon d’être un homme. Ce qui me tient à cœur c’est l’idée qu’on peut s’inventer, se réinventer. On peut être un garçon viril et une Drag-queen, il n’y a pas d’identité figée. J’essaie d’ouvrir des horizons et faire passer le message que nous sommes pluriels !
L’idée est de ne diaboliser personne, mais de mettre en avant le choc des cultures
Quel est le point de départ de « Beauty boys » ?
Mon 1er film évoquait un père de 70 ans qui avait des références « Marlon Brando », vivant avec son fils plus sensible aux stars de la pop féminine …
Un soir, j’ai rencontré deux jeunes garçons qui venaient d’un petit village de Bretagne et qui m’ont raconté leur parcours et leur vécu en tant que Drag-Queen, dans ce contexte de vie, où internet est leur seule fenêtre sur ce monde-là, et cette culture-là, un accès à d’autres modèles …
Sur « Beauty boys » on a de jeunes garçons fascinés par la beauté, le maquillage sur Instagram. Le héros cohabite avec son frère qui se reconnait plutôt dans les codes du rap. Le message, c’est qu’il n’y a pas de guerre de territoire dans cette fratrie ; ils partageront des moments, une complicité, malgré leurs différences.
Qu’est-ce qui nourrit votre imaginaire pour nous raconter une histoire ?
Je suis très attaché à avoir des personnages passionnés ; par ailleurs, je suis l’univers des Drag-Queens depuis 3 ans, et je me suis penché sur les pratiques artistiques de cet univers.
Qu’est-ce qui vous a motivé à venir tourner dans les Vosges ?
A l’écriture du scénario, je me suis rendu compte que le choc des cultures que j’évoque serait plus fort si je plaçais les personnages dans un village, et le jeu des repérages de décors nous a amené dans les Vosges. Les financements départementaux nous ont permis de nous poser à Bains-les-Bains, où nous avons été très bien accueillis ; c’est une ville très graphique et visuelle, et tous ces éléments nous ont amené à travailler dans un grand confort de tournage.
Une anecdote à raconter ?
Pour le casting, il fallait trouver un acteur qui sache faire du « Drag » ou une Drag-Queen qui sache jouer, j’ai donc choisi un comédien qui lors de la première mise en situation s’est métamorphosé en « Drag », et nous avons vu apparaitre cette nouvelle personne, devenue en quelque sorte son alter-égo: la Drag-Queen de l’acteur.
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