Ce jeudi, l’une des œuvres phares des collections du Musée départemental d’art ancien et contemporain (MUDAAC) à Épinal, « Job raillé par sa femme » de Georges de la Tour, a quitté son écrin vosgien pour rallier le Palazzo Reale de Milan où il sera exposé pendant cinq mois.
Déjà prêtée au musée du Prado à Madrid en 2016, l’œuvre va rejoindre le célèbre musée milanais où elle sera présentée dans le cadre de l’exposition temporaire « Georges de la Tour, L’Europa della Luce (L’Europe de la Lumière) qui mettra en perspective des chefs-d’œuvre du peintre lorrain avec ceux d’autres artistes européens du XVIIe siècle ayant expérimenté les possibilités de la lumière. Elle se déroulera du 07 février au 07 juin 2020.
Un remplaçant de choix
A la place laissée vacante sera accroché un tableau de Dominique Prot intitulé Résurrection de Lazare. Il s’agit probablement d’un tableau d’église comme ceux du même auteur que l’on peut trouver dans des édifices religieux de la région.
La peinture montre le Christ faisant un signe de bénédiction vers Lazare, sorti de son tombeau, qui le regarde les mains jointes, tandis que l’une de ses sœurs croise les bras en signe de dévotion. Les personnages qui assistent à la scène expriment leur surprise à la vue de Lazare vivant malgré la couleur grisâtre de son corps en début de putréfaction.
Les visiteurs du MUDAAC pourront découvrir le tableau de Dominique Prot, qui n’était pas visible jusqu’alors.
Une préparation minutieuse
Pièce unique, le tableau fait l’objet de toutes les attentions avant et pendant son transport jusqu’à sa destination finale. Pour commencer, une restauration ponctuelle a été réalisée afin d’assurer sa stabilité pendant le déplacement. Une caisse de transport sur mesure est fabriquée puis acclimatée à l’environnement habituel de l’œuvre afin d’éviter les variations de température et d’humidité relative pendant son voyage. Un constat d’état est effectué avant le départ et à l’arrivée, dans lequel sont consignées toutes les remarques concernant l’état du tableau. Recouvert d’un emballage papier spécifique, le tableau voyagera en toute sécurité jusqu’à Milan. Tous les frais générés par la préparation, la mise en condition, le transport et les assurances sont pris en charge par l’emprunteur.
Un chef-d’œuvre d’un peintre lorrain
Né à Vic-sur-Seille en 1593, Georges de la Tour s’installe à Lunéville, dès 1620, où il peint pour le duc de Lorraine. Mais cette région est dévastée pendant la guerre de Trente Ans et Lunéville est incendiée en 1638. Cela ne l’empêche pas de devenir peintre ordinaire du roi Louis XIII, en 1639, et d’obtenir un logement aux galeries du Louvre. La plupart de ses biens se trouvant en Lorraine, il est probable qu’il y réside tout en faisant des séjours à Paris. Après sa mort en 1652, il sombre dans l’oubli avant d’être redécouvert au début du XXe siècle. Durant sa carrière, il maîtrise autant les scènes nocturnes, telles Job, que les scènes diurnes.
« Job raillé par sa femme » illustre bien l’intérêt des peintres européens pour les recherches initiées par Caravage en Italie. Celles-ci se concentrent notamment sur le clair-obscur, consistant à éclairer abondamment les surfaces que la lumière atteint et assombrir les autres, particulièrement le fond. Le procédé met ainsi en valeur l’aspect dramatique de la scène ici souligné par l’intensité des regards, tandis que la lumière issue de la bougie donne à l’ensemble une dimension spirituelle.
Source : www.vosgesmag.fr
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