(Crédit Emmanuel Antoine)
L’artiste déodatien Emmanuel Antoine exposera ses dernières créations sur les murs de La Petite Galerie de Granges-Aumontzey, du 8 au 30 octobre. Baptisée « Mémoires de Plantes », cette exposition qui mêlera peinture, dessin et impression, sera visible les samedis et dimanches, de 14h30 à 18h30. Entrée libre, sachant que la galerie est accessible aux personnes à mobilité réduite. Deux événements accompagnent l’exposition : son vernissage, samedi 8 octobre à partir de 17h, et un temps d’échange et de partage, samedi 22 octobre à 17h, animé par Emmanuel Antoine autour du thème « La peinture et le végétal ».
J.J.
Mémoire de Plantes
« S’approcher, tendre la main et toucher l’écorce d’un arbre, écouter le vent dans leur frondaison, caresser une feuille, se courber sur une fleur, récolter leurs fanes desséchées, regarder simplement le jardin et les bords des chemins pour les découvrir, les apprécier et peut-être leur parler, chuchoter.
Je recueille leurs traces sur la toile, le papier, infimes stries ou fantômes diaphanes que je recouvre de peur qu’elles ne disparaissent à tout jamais.
J’aime celles qui griffent, qui piquent ou qui rampent, je les aime parce qu’on ne veut pas les voir, les ignorant, les piétinant.
Ronces, orties, lierre rejoignent le peuple des graminées, errantes ou vagabondes, desséchées sur les bords des talus.
Pourtant, elles sont le lien le plus élémentaire avec le monde, le plus étroit entre la terre et le ciel.
Dans une interminable contemplation de l’azur, elles font monde, elles transforment la lumière en vie.
Ces feuilles si fragiles sont tout, tige et racine, elles arrachent au soleil l’énergie, saison après saison.
Elles sont oiseaux sans pouvoir voler mais elles sont aussi l’air, le souffle qui nous immerge, dedans, dehors.
Alors, je ne me lasse pas de les regarder, de les garder à nouveau, de collectionner leurs empreintes, elles m’impressionnent par leur délicatesse, par leurs nervures, chemins de traverse où j’aime me perdre.
Elles deviennent mes pinceaux pour déposer sur le blanc de la feuille leur dernière trace avant de disparaître, nous dévoilant leur vibration intime et colorée.
Feuilles et plantes, à mi-distance entre sol et ciel, vous êtes l’origine du monde, si fragiles et pourtant si fortes, j’ai hâte de vous retrouver à la prochaine saison. »
Emmanuel Antoine, octobre 2022
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