La « Toussaint Rouge » est le nom donné en France à la journée du 1er novembre 1954, qui marque rétrospectivement le début de la guerre d’Algérie (1954 – 1962). Ce jour-là, le Front de Libération Nationale – FLN – se manifeste pour la première fois en commettant une série d’attentats en Algérie, alors sous administration française.
Ce mois de novembre 2024 est, 70 ans après les faits, l’occasion pour le Déodatien Axel Balland, historien et animateur de la commission Temps de Guerre de la Société Philomatique Vosgienne, d’évoquer la guerre d’Algérie à travers Saint-Dié. Ce dernier de préciser en préambule que « sur les 2 millions de militaires engagés en Algérie tout au long du conflit, 1,5 millions d’entre eux étaient des appelés ou rappelés, notamment de classe 52. 400 000 militaires français étaient déployés en simultanée en Algérie. »
A Saint-Dié, les habitants sont inquiets quant à cette guerre, qui a été officiellement reconnue comme telle en 1999. Ce que note le sous-préfet d’alors en 1956 : « Le point noir est la sourde inquiétude qui étreint les Déodatiens, puisqu’il y aurait déjà quelques 70 rappelés en notre ville. » Le 17 octobre 1957, une manifestation est organisée sur la place Saint-Martin, par des partis et mouvements de Gauche, afin de protester contre la guerre d’Algérie. En parallèle, des pétitions sont lancées.
« Durant tout le conflit, les commerçants et la ville de Saint-Dié ont envoyé des colis destinés aux Déodatiens en Algérie. Et durant la totalité du conflit, la presse évoque quotidiennement les opérations militaires, les faits d’armes, les décès et funérailles de militaires vosgiens, dans des rubriques intitulées « Nouvelles de nos soldats d’Algérie », « Nos soldats en AFN » et « Nos Vosgiens en Algérie » » explique Axel Balland.
La guerre d’Algérie s’est également exportée à Saint-Dié. « Des militants algériens du FLN étaient présents dans la ville, dans les baraquements de Saint-Roch. D’après le rapport des Renseignements Généraux, ils collectaient de l’argent auprès des autres Algériens et pratiquaient l’impôt révolutionnaire, pour financer l’organisation en Algérie. Des heurts ont même éclaté à Saint-Dié, entre membres de différentes mouvances nationalistes algériennes » souligne Axel Balland, tout en ajoutant que l’OAS – Organisation Armée Secrète, une organisation terroriste clandestine française anti-indépendantiste – ont procédé à des activités de propagande à Saint-Dié. « En janvier 1962, le réseau RC4, en référence à la bataille de la guerre d’Indochine, a envoyé depuis Nancy des tracts du journal de l’OAS à des officiers et sous-officiers de réserve du peloton de perfectionnement de la région de Saint-Dié. »
Lors putsch des généraux, qui se déroule du 21 au 26 avril 1961, les Déodatiens sont mis au courant le 22 avril. Les habitants craignent un coup de force des paras, comme un peu partout en métropole. A partir du 24 avril et pendant plusieurs jours, un mouvement de grève est mené dans les usines déodatiennes pour soutenir le président Charles de Gaulle et le Gouvernement.
Le cessez-le-feu de la guerre d’Algérie interviendra le 19 mars 1962, suite à la signature des Accords d’Evian la veille. Dans la cité déodatienne, l’heure est au soulagement de voir ce conflit se terminer. 7 Déodatiens mourront pour la France lors de la guerre d’Algérie. Il s’agit, respectivement, de Roger Bunoz, Pierre Cael, Maurice Marchal, Robert Mervelet, André Petit, Marcel Schmitt et Georges Welsch. Leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts de la ville.
Les 2 principales associations déodatiennes qui regroupent des anciens AFN sont les sections locales de l’Union Nationale AFN et de la FNACA – Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie. La section de Saint-Dié-des-Vosges de la FNACA est par ailleurs la plus ancienne des Vosges.
J.J.
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