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samedi 07 juin

Écoauberge du Grand Ventron : un projet contesté pour un avenir incertain

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À Cornimont, le projet de l’Écoauberge du Grand Ventron, annoncé comme un modèle d’écotourisme et d’accueil scientifique, fait l’objet de vives critiques. Si l’objectif affiché — redonner vie à l’ancienne auberge située au cœur du massif — semble faire consensus dans son principe, les conditions de réalisation et de fonctionnement posent problème. L’Association pour l’Équilibre et le Développement du Massif des Vosges (AEDMV) tire la sonnette d’alarme et parle même de « loup dans la bergerie ».

Un coût jugé exorbitant pour un projet peu ambitieux

L’investissement s’élève à 4,2 millions d’euros, dont un million à la charge de la commune de Cornimont. Ce montant est jugé disproportionné, notamment lorsqu’on le compare à d’autres projets similaires réalisés pour un coût équivalent mais avec des prestations bien supérieures (comme l’hôtel-restaurant-spa Frère Joseph). L’écoauberge du Ventron ne proposera, elle, que 10 chambres et un restaurant de 70 places, sans équipements annexes.

Un accès restreint qui interroge

La municipalité de Cornimont prévoit une sélection stricte des visiteurs : seuls les « curieux engagés », « experts » ou « épicuriens » seraient visés. Une stratégie qui pose la question de la rentabilité d’un établissement fonctionnant sur un public restreint. D’autant que les accès seront volontairement réduits : la route depuis Cornimont sera transformée en chemin forestier et le parking limité à une vingtaine de places, dont une grande partie probablement occupée par le personnel.

Un fonctionnement incertain

Le fonctionnement de l’auberge repose sur une équipe de plus de dix personnes en haute saison, un objectif jugé difficilement atteignable dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. De plus, l’établissement sera fermé six mois par an, laissant planer le doute sur la gestion des ressources humaines et la stabilité financière.

L’implication du Parc naturel en question

Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges et la Réserve du Grand Ventron disposeront de locaux dans le bâtiment, sans toutefois participer au financement du projet. L’objectif affiché est d’accueillir des scientifiques, mais cette présence soulève une contradiction majeure, selon l’AEDMV : comment concilier préservation de la faune (notamment du Grand Tétras) et ouverture au public sur un site déjà sensible ?

Une contradiction écologique pointée du doigt

L’AEDMV dénonce l’absence totale de lien avec l’histoire agricole du lieu et s’interroge sur la cohabitation possible entre fréquentation touristique et exigences de tranquillité pour la faune protégée. L’association rappelle les préconisations mêmes du Parc, qui incite à éloigner les parkings des zones de quiétude. Pour l’AEDMV, vouloir à la fois limiter l’accès au site et assurer la rentabilité d’une auberge est une équation insoluble.

Un projet mal engagé ?

Si l’intention de réhabiliter un site emblématique fait l’objet d’un soutien général, les modalités concrètes de ce projet divisent profondément. Le manque de concertation, les coûts élevés, les restrictions d’accès, l’absence d’engagement du Parc et les risques de déficit suscitent une inquiétude croissante. L’ancien maire de Cornimont lui-même alerte sur les conséquences financières pour la commune.

L’AEDMV, qui milite pour un développement raisonné du massif, appelle à revoir les fondements de ce projet, qu’elle considère voué à l’échec s’il reste en l’état. Pour l’association, il est encore temps d’ajuster le cap afin que cette auberge retrouve vie de manière durable, au service de tous : randonneurs, familles, scolaires, habitants… et non de quelques privilégiés.

AEDMV

Association pour l’Équilibre et le Développement du Massif des Vosges

Écoauberge du Grand Ventron

2 commentaires

  • Avatar du commentaire numéro 7460

    Macadam

    L’interrogation est judicieuse

  • Avatar du commentaire numéro 7466

    Stéphane

    Alors là, totalement d’accord. Ce n’est pas du tout le rôle de la commune.

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